En juin dernier, scientifiques et autorités sanitaires alertaient sur le risque de propagation des arboviroses (dengue et chikungunya) en métropole. Près d’un an plus tard, le BEH du mardi 28 avril dresse un bilan épidémiologique de l’année 2014 plutôt rassurant. Il montre que si les cas importés de chikungunya et de dengue ont certes tendance à augmenter en parallèle aux épidémies observées Outre-mer, la transmission locale de ces maladies reste pour le moment limitée en métropole. Et globalement, l’épidémie redoutée par les autorités sanitaires n’a pas eu lieu.
Plus de chikungunya mais moins de dengue
Selon les données de surveillance rapportées par A. Septfons et al. « l’année 2014 a vu une augmentation considérable du nombre de cas de chikungunya importés ». 489 cas de chikungunya ont ainsi fait l’objet d’une déclaration en 2014 contre seulement 1 à 40 cas annuels sur la période 2006 - 2013. Dans les 18 départements où le moustique tigre est implanté, 443 cas ont été identifiés pendant la période de surveillance renforcée (de Mai à Novembre 2014), versus 0 à 6 cas annuels pour la période 2006 -2013. « La dynamique des cas déclarés en métropole était concomitante avec celle de l’épidémie observée dans les Départements Français d’Amérique (DFA), avec une phase intense de transmission durant les mois de mai à août en Guadeloupe et Martinique et un nombre important d’échanges avec la métropole durant cette même période » précise le BEH.
De même, l’évolution du nombre des cas importés de dengue en métropole suit globalement celle observée Outre-mer. Sans surprise, « le nombre de cas importés notifiés par la déclaration obligatoire en 2014 était donc inférieur au nombre de cas rapportés pendant les années épidémiques dans les DFA avec 201 cas notifiés versus 596 en 2010 (année d’épidémie majeure) et 271 cas en 2013 (épidémie de moindre intensité) » rapporte l’InVs.
Peu de cas autochtones
En parallèle, le nombre de cas autochtones de dengue comme de chikungunya est resté très limité, malgré l’implantation du moustique tigre ou Aedes albopictus (principal vecteur de ces 2 arboviroses) dans 18 départements de la métropole. Avec « seulement » 4 cas autochtones de dengue détectés en région Provence-Alpes-Côte d’Azur et un foyer autochtone de chikungunya (11 cas confirmés) observés dans l’agglomération de Montpellier. « Le plan de surveillance (mise en place depuis 2006) a donc permis de limiter les épisodes autochtones » se félicite l’Invs.
La vigilance reste de mise
Pour autant la vigilance reste de mise selon les experts. Pour E. Delisle et al., le foyer de cas autochtones de chikungunya de Montpellier « rappelle que le risque d’épidémie de chikungunya est bien réel pour la population européenne ». De même, pour la dengue « l’apparition régulière d’épisodes de transmission autochtone en France métropolitaine depuis 2010 est préoccupante estiment S.Giron et al. Et même si ces épisodes sont restés très localisés dans le temps et dans l’espace, ils soulignent que le risque de transmission autochtone du virus est réel et que les efforts en terme de lutte anti-dissémination doivent être poursuivis ».
« Si avec la régression des épidémies de chikungunya dans les DFA, la pression de risque d’introduction du virus en terrain « fertile » en métropole sera moindre, la dynamique de diffusion internationale de ce virus dans d’autres zones du globe et le maintien d’une très intense activité de la dengue de par le monde font que le risque restera durable pour tous les territoires où Ae. albopictus est implanté » prédit pour sa part le Pr Jean Claude Désenclos, directeur scientifique adjoint de l’Invs qui signe l’éditorial du BEH . « Seront aussi à considérer à l’avenir d’autres virus transmis par Aedes, comme le virus Zika »…
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