La persistance d'une toux chronique résistante aux thérapeutiques pose parfois des problèmes diagnostiques et thérapeutiques difficiles. Faute d'explication étiologique satisfaisante, elles sont généralement étiquetées comme «?psychogènes », notion peu satisfaisante qui néglige le retentissement parfois important de la toux chronique sur la qualité de vie du patient.
Correspondant à une anomalie du réflexe de la toux, le concept de « Cough Hypersensitivity Syndrome » (ou CHS) propose une nouvelle approche de la toux chronique réfractaire, comme l’a expliqué Dr Roger Escamilla (Pôle respiratoire, CHU Rangueil-Larrey, Toulouse) lors du congrès. S'il n'apporte pas pour l'instant de réponse en pratique, il ouvre de nouvelles voies de recherche pour la compréhension de ses mécanismes et d'éventuels traitements.
Une anomalie du réflexe de la toux
Récemment décrit, le « Cough Hypersensitivity Syndrome » correspond à une exagération du réflexe de la toux par hypersensibilité à divers agents chimiques (parfums, odeurs fortes, fumée de tabac), physiques (aliments épicés ou acides), thermiques ou?environnementaux comme les variations de la température ambiante. La toux peut aussi se déclencher dans des circonstances inhabituelles, en parlant, en riant, au téléphone, etc.
Le « Cough Hypersensitivity Syndrome » peut être isolé, sans cause évidente. Il est à évoquer devant des toux chroniques, plutôt sèches, quinteuses, rebelles aux traitements classiques. Dans trois cas sur quatre, il concerne des femmes. Le CHS peut aussi s'inscrire dans le cadre d'une pathologie préexistante comme l'asthme, la rhinosinusite, le RGO, etc. ; mais la toux est différente de la toux habituelle, elle semble disproportionnée et répond moins bien au traitement. «?Dans ces cas-là, il est difficile de déterminer si la toux est liée à un mauvais contrôle de la maladie ou si elle ressort d'un “Cough Hypersensitivity Syndrome” surajouté, nécessitant une prise en charge spécifique par un traitement antitussif » remarque le
Dr Roger Escamilla.
Des tests d'exploration pratiqués dans des centres spécialisés mettent en évidence une hypersensibilité à la capsaïcine ou à l’acide citrique, mais le diagnostic du « Cough Hypersensitivity Syndrome » ne repose que sur des arguments cliniques.
Sur le plan thérapeutique, « L'identification de ce syndrome comme un dérèglement du réflexe de la toux ouvre des pistes thérapeutiques par des traitements neuromodulateurs comme l’amitriptyline, le baclofène et la gabapentine, explique le pneumologue. Ils se sont montrés efficaces mais, en l'absence d'études cliniques, ils ne sont pas utilisés en France du fait de leurs effets secondaires ».
Actuellement, le « Cough Hypersensitivity Syndrome » peut bénéficier en plus des antitussifs et des antihistaminique de première génération de thérapeutiques alternatives comme la sophrologie ou le yoga pour « leurrer » le réflexe de la toux ; il suffit aussi parfois de petites manœuvres pour apprendre à déglutir, à respirer, etc., voire de simples pastilles à la menthe, le menthol ayant un effet anti-tussif et anti-inflammatoire local intéressant !
À terme, une meilleure connaissance des mécanismes physiopathologiques à l’origine du CHS permettrait peut-être de trouver d’autres thérapeutiques efficaces.
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