Dépistage du cancer du col de l'utérus : un collectif réclame le passage immédiat au test HPV

Publié le 19/04/2019
HPV

HPV
Crédit photo : DAVID MACK/SPL/PHANIE

À peine effectif, le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus est déjà sur la sellette ! Dans un communiqué publié hier, plusieurs médecins, biologistes et patients réunis au sein du collectif « HPV maintenant », s’émeuvent du « retard pris en France dans la mise en place du test viral HPV » et dénoncent « l’attentisme des autorités ».

Une meilleure sensibilité que le frottis

Actuellement, alors que les frottis ont une bonne spécificité mais une sensibilité médiocre, ce sont eux qui sont préconisés en dépistage primaire en France, le test moléculaire HPV, pourtant doté d’une très bonne sensibilité mais d’une spécificité imparfaite, étant réalisé seulement en cas de frottis anormal. Le collectif HPV réclame justement la stratégie inverse.

Avec une sensibilité aux alentours de 70 % les frottis laissent passer près d’un cancer sur trois. Au contraire, « un test HPV négatif apporte la quasi-certitude qu’il n’y a pas de lésions cervicales, affirme le Dr Joseph Monsonego. Cela permet, en cas de résultat négatif, de fixer un intervalle de cinq ans entre deux dépistages, en toute sécurité ». La spécificité n’étant pas excellente, le frottis garde son intérêt pour préciser le risque en cas de résultat positif.

À l’appui de sa revendication, le collectif cite en particulier l’étude canadienne Focal, mené auprès de 19 000 femmes, montrant une diminution du risque relatif de lésion de haut grade CIN3 (cervical intraépithélial neoplasia) à quatre ans en cas de dépistage par le test HPV, par comparaison au dépistage par cytologie (RR 0,25), chez les femmes dont le dépistage était négatif à l’inclusion (Ogilvie GS, JAMA 2018). Le test HPV n’a toutefois d’intérêt qu’après l’âge de 30 ans, l’infection par HPV étant habituelle, mais transitoire chez les plus jeunes.

Perte de chance

Dès lors pourquoi la France n’a-t-elle pas franchi le pas ? « Conservatisme, corporatisme, répond Richard Fabre, président des biologistes médicaux d’Occitanie et fer de lance du collectif. La France a une technostructure qui fonctionne pour elle-même. Elle est la dernière à entrer dans le dépistage organisé, avec un test abandonné par tout le monde. »

Les autorités entendront-elles le message ? Saisie sur le sujet, la HAS devrait rendre un avis prochainement. Mais même si le test HPV était adopté, les patientes n’en bénéficieraient pas avant plusieurs années estime le collectif qui dénonce une « perte de chance caractérisée pour plus de 100 000 Françaises ». 

Dr Isabelle Leroy

Source : lequotidiendumedecin.fr