Bilan 2019 : les défis de l'environnement

Dermatologie, encore beaucoup d'incertitudes

Publié le 27/12/2019
Premier organe en contact avec l’extérieur, la peau semble particulièrement exposée aux agressions environnementales. Mais pour le moment, les données sur ce sujet restent très parcellaires.
Peau

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[Pour son dernier numéro de l’année, Le Généraliste s’est intéressé aux défis de l’environnement auxquels sont confrontés les médecins. Du 23 au 31 décembre, nous publions les articles de ce numéro bilan.]

En France, les nouveaux cas de cancers de la peau ont plus que triplé entre 1980 et 2012, selon l’Inca. Faut-il y voir un effet de la pollution ? Difficile de répondre pour le moment, mais une chose est sûre : l’exposition solaire est le premier facteur environnemental en cause dans les cancers dermatologiques, impliqué dans 95% des cas. Dans ce contexte, une diminution de 10 % de la concentration d’ozone entraînerait l’apparition de 300 000 cancers cutanés non mélanocytaires et 4 500 mélanomes de plus dans le monde, chiffrait récemment l’OMS.

Du côté des agents chimiques en lien avec les dermatoses, l’arsenic à l’origine de cancers cutanés multiples a été interdit en 1973, mais est resté utilisé jusqu’en 2001 en viticulture via l’arsénite de sodium. Concernant les autres pesticides, « il n’y a pour le moment pas de données très claires sur leur implication dans les cancers cutanés », indique le Pr Marie Beylot-Barry, présidente de la Société française de dermatologie. Quelques études suggèrent un lien entre lymphomes cutanés et pesticides, mais rien n’est démontré. « Nous avions aussi constaté en région Aquitaine un surrisque de lymphomes chez les agriculteurs, incriminant les pesticides, poursuit le Pr Beylot-Barry, et des études spécifiques doivent être conduites. » Les solvants ont également été pointés du doigt, mais les données sont parcellaires, aucune étude de grande ampleur sur de larges populations n’ayant été menée.

La dermatite atopique plus fréquente en ville

Des publications plus étayées sur la dermatite atopique montrent une prévalence en hausse régulière dans les pays industrialisés où elle touche 15-20 % des adultes et 10 % des enfants. « L’environnement joue certainement un rôle », affirme la spécialiste, puisque la maladie est plus fréquente en population pédiatrique citadine qu’en milieu rural. Un surrisque imputé notamment à la pollution, mais sans plus de précisons quant aux particules en cause ou à un éventuel effet dose. » Une étude présentée par le Pr François André Allaert (Dijon) lors des Journées dermatologies de Paris affine le propos en montrant que les patients les plus sévèrement atteints sont non pas ceux qui vivent dans les très grosses villes mais plutôt ceux qui habitent à proximité d’industries. Des nuances à creuser…

Hélène Joubert

Source : lequotidiendumedecin.fr