Double peine de cœur

Publié le 06/12/2013
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Désormais mis en évidence dans de nombreuses études, la relation entre privation de sommeil et HTA ne fait plus de doute. Cette relation semble être due à l’activation du système sympathique, au dysfonctionnement endothélial, au stress oxydatif, à l’hyperinsulinisme ainsi qu’aux modifications des systèmes hormonaux. Elle existe également avec d’autres évènements cardio-vasculaires tels que les AVC, les infarctus et les décès cardio-vasculaires.

Les modifications cardiaques observées au cours du sommeil sont différentes selon les phases du sommeil : diminution de l’activité sympathique avec bradycardie et hypotension au cours du sommeil lent, inhibition de l’activité parasympathique, augmentation de la fréquence cardiaque et augmentation de l’hypertension artérielle au cours du sommeil paradoxal, avec une anarchie dans la régulation de tous ces éléments lors des micros-éveils.

Des études réalisées chez des hommes jeunes privés de sommeil ont montré les conséquences métaboliques de cette privation de sommeil (hyperglycémie, insulinorésistance, perturbation ghréline/leptine avec augmentation de l’appétit, obésité et diabète) ainsi que les conséquences cardiovasculaires (HTA, augmentation du risque coronaire, augmentation de l’arythmogénicité).

L’hypersomnie peut aussi être délétère

Si la dette de sommeil est néfaste, l’hypersomnie (plus de 9 h de sommeil) peut aussi être délétère. La narcolepsie notamment, est associée à un certain nombre de troubles cardiaques comme l’ont montré plusieurs études épidémiologiques : augmentation de la fréquence de l’hypertension artérielle, augmentation de la fréquence de l’obésité et augmentation de la mortalité. On constate aussi une fonction endothéliale altérée, un syndrome métabolique plus fréquent, et l’absence de diminution de la tension artérielle au cours de la nuit (qui normalement chute de 10%).

Ces différentes constations expliquent l’augmentation du risque cardio-vasculaire chez ces patients et ce d’autant que les traitements psychostimulants eux-mêmes (modafinil, Ritaline®) donnés à vie augmentent

la pression artérielle la nuit. Ces sujets à risque doivent donc être particulièrement surveillés et le risque

bénéfice/risque bien évalué avant la mise en route du traitement.

En revanche, alors qu’ils augmentent le nombre de décès toutes causes confondues, les hypnotiques ne modifient pas le risque cardio-vasculaire. Ainsi, dans une étude (Y. Dauvilliers et coll.) parue en 2013, et qui a inclus 6696 patients de plus de 65 ans, suivis pendant 11 ans, il n’a pas été mis en évidence de responsabilité des hypnotiques sur la mortalité par cause cardio-vasculaire. Il n’a pas non plus été mis en évidence de bénéfice sur ces événements cardio-vasculaires.


Source : lequotidiendumedecin.fr