Ebola : les convalescents continuent d’excréter le virus pendant 3 mois

Publié le 07/12/2014

Crédit photo : SPL/PHANIE

Le HCSP a rendu jeudi un avis relatif à la contagiosité résiduelle des convalescents, guéris cliniquement d’une infection au virus Ebola. Sachant que la charge virale est très importante dans les liquides biologiques d’un malade infecté par le virus Ebola et que l’évolution de l’infectiosité du virus reste mal mal connue, le HCSP fait preuve de la plus grande prudence. On sait en effet que le virus persiste longtemps dans les fluides biologiques des convalescents. Du reste, voilà à peine une semaine que l’OMS alertait sur la persistance du virus dans le sperme 82 jours après la guérison.

Les experts du Haut Conseil dressent ainsi la liste des quelques preuves sur les fluides biologiques concernés par ce risque.

- L’isolement dans le lait maternel du virus après sa disparition du sang a été rapporté; il serait possible que la glande mammaire, comme les gonades et l’œil constituent des sites immunologiquement protégés dans lesquels la clairance du virus est différée ;

- Le virus Ebola Zaïre a pu être détecté dans le sperme de patients convalescents plusieurs mois après (jusqu’à une centaine de jours) par isolement viral et par RT-PCR ;

- L’ARN viral a pu être détecté tardivement dans les fluides d’origine vaginale, rectale, conjonctivale ou séminal.

Le HCSP distingue donc les fluides pour lesquels la clairance est rapide lors de la guérison clinique, comme le sang ; ceux pour lesquels la clairance serait intermédiaire comme les urines, les sécrétions vaginales ; ceux dont la clairance serait prolongée, comme le sperme. Une mention particulière est apportée aux urines car elles constituent le fluide biologique le plus facilement en contact avec le milieu environnemental.

Les experts du Haut Conseil fixent donc à trois mois le délai incompressible des mesures barrières à appliquer par rapport à certains fluides biologiques du convalescent.

- Lavage des mains soigneux ou friction à la solution hydro-alcoolique après toute

miction, défécation, manipulation de préservatifs ou de protections hygiéniques intimes ;

- Abstinence sexuelle y compris le sexe oral, et l’exclusion des contacts manuels avec des sécrétions génitales, pour une durée minimale de trois mois après la disparition des symptômes, ou à défaut, l’utilisation impérative et correcte de préservatifs, suivie d’un lavage soigneux des mains ;

- Interdiction d’allaitement maternel dans les trois mois de convalescence ;

- Elimination des préservatifs et des protections hygiéniques intimes emballés dans trois sacs plastiques soigneusement fermés, suivie d’un lavage soigneux des mains, pendant une durée de trois mois.

Seule la négativité de deux RT-PCR au niveau des fluides vaginaux et du sperme permettrait de lever ces contraintes dans un délai plus court.


Source : lequotidiendumedecin.fr