Parce que les intoxications au protoxyde d’azote, surtout chez les jeunes adultes, ont fortement augmenté ces dernières années, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) vient de publier un document d’aide au diagnostic et à la prise en charge pour les professionnels de santé.
Trois fois plus d'intoxications déclarées en un an
Si en préambule, l'agence rappelle que les effets recherchés par les personnes faisant un usage détourné du protoxyde d'azote culinaire, à visée récréative sont : l'hilarité, l'euphorie, la désinhibition, l'anxiolyse, la « défonce », elle insiste sur les risques liés aux intoxications. L'ANSM alerte en particulier sur l'augmentation importante et récente de ces intoxications.
Le nombre d'accidents de gravité moyenne et forte déclarés aux centres antipoison suite à l'usage détourné de ce gaz, est passé de 49 cas en 2020 à 158 cas en 2021. Le nombre de cas déclarés aux centres d’addictovigilance, a également été multiplié par 3 entre 2020 (82 cas) et 2021 (265 cas).
Parmi les complications majeurs, les atteintes neurologiques ont été identifiés dans 80 % des cas déclarés aux centres d’addictovigilance ; les complications neurologiques ou neuromusculaires dans 65 % des symptômes rapportés aux centres antipoison, indique l'ANSM qui précise dans son communiqué que ces conséquences neurologiques graves et durables peuvent « conduire à une hospitalisation, en particulier chez les consommateurs réguliers ».
Attention aux signes neurologiques, psychiatriques et cardio-vasculaires
L'ANSM précise les risques immédiats pouvant survenir dès la première consommation : asphyxie par manque d'oxygène, perte de connaissance, brûlure par le froid du gaz expulsé de la cartouche, perte du réflexe de toux (risque de fausse route), désorientation, vertiges...
L'agence du médicament détaille aussi les risques pouvant survenir en cas d'utilisation régulière et/ou à forte dose, comme des signes neurologiques spécifiques d’une atteinte centrale et/ou périphérique (paresthésie, hypoesthésie, déficits sensitivo-moteurs, troubles de la marche, ataxie, etc.) ; ou aspécifiques (céphalées, malaise, trouble cognitif, vertiges, etc.). Mais aussi des manifestations d'ordre psychiatrique comportementales (agitation, agressivité...), psychotiques (hallucinations, délire paranoïaque...), anxieuses (angoisse, anxiété, attaque de panique...), thymiques (tristesse, irritabilité, idées suicidaires...), cognitives ou encore avec des troubles de la vigilance (avec des troubles du sommeil).
L'ANSM alerte également sur des risques thrombotiques (embolie pulmonaire, AVC, syndrome coronaire aigu...), mais aussi cardiaques (sensation d’oppression, de douleur thoracique, trouble du rythme cardiaque...). Et encore sur les risques de chute, de traumatismes ou d'accidents sur la voie publique.
Bien entendu, si ces symptômes apparaissent de façon inexpliquée, le contexte peut aider à mettre sur la voie, sachant que l'âge moyen des consommateurs est de 22 ans (et davantage de sexe masculin). « Parmi les cas rapportés aux centres d’addictovigilance, 58 % des consommateurs sont des hommes en 2021 contre 69 % en 2020 », précise l'ANSM.
Rechercher une conduite addictive
Concernant la prise en charge, le document précise qu'elle doit bien sûr être adaptée à la symptomatologie, et qu'elle peut être pluridisciplinaire. Une recherche des troubles liés à l’usage (abus, dépendance) doit être effectuée, avec éventuellement l'intervention d'un(e) addictologue. « En 2021, près de la moitié des signalements aux centres d’addictovigilance pour lesquels cette information est disponible, mentionnent une consommation quotidienne », souligne l'agence du médicament.
À noter enfin que la vente de protoxyde d'azote est interdite aux mineurs depuis juin 2021.
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