Défaut de connaissance et de reconnaissance. C’est ainsi que l’on pourrait qualifier la médecine de la diversité. Elle couvre pourtant des sujets aussi nombreux que variés. Pour beaucoup de pathologies, il existe selon l’origine du patient des spécificités de sémiologie, d’évolution de la maladie, mais aussi de pharmacocinétique quand un traitement est engagé. Les exemples ne manquent pas, comme la neutropénie ethnique, la sarcoïdose qui peut être très sévère chez des sujets afro-américains, etc.
Il y a encore beaucoup de progrès à faire. La littérature scientifique est particulièrement pauvre. Même aux États-Unis, où le sujet est très concernant et où la recherche dispose d’énormes moyens, on recense peu d’études. En France, les travaux font défaut et en Afrique, le principal problème réside dans le manque de financement. En Asie, des travaux commencent à émerger, surtout sur la pharmacogénétique. Cependant, si nos connaissances sont très imparfaites, elles méritent d’être mieux partagées parmi les professionnels de santé.
Cette semaine, dans nos pages de FMC, nous abordons sans doute le sujet le plus emblématique dans ce domaine : les dermatoses des peaux très pigmentées. Le Pr Antoine Mahé, président du groupe « peau noire » de la Société française de dermatologie (SFD), a participé à la rédaction de notre article. Il donne des clés pour aider à la prise en charge de ces dermatoses. En 2020, il a créé un diplôme universitaire de « Médecine de la diversité » à la faculté de médecine de Strasbourg. Cette formation, qui est loin d’être limitée à la dermatologie et qui se fait sur 100 heures en distanciel, est ouverte à tout médecin.
Notons aussi les efforts de la SFD qui, chaque année lors de son congrès, consacre des sessions à des dermatoses sur peaux noires. Fin 2017, la Société française d’hypertension artérielle avait, quant à elle, publié une fiche technique sur l’HTA du sujet noir. Grâce à des initiatives plus ou moins isolées, les choses avancent donc progressivement.
Dr Nicolas Evrard, rédacteur en chef
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