Une curieuse révélation sur le Lohengrin impérial nous a été faite par notre ami Legrain. L’empereur Guillaume possède, paraît-il, un gros paquet d’actions d’une grande brasserie de Hanovre. Il a touché cette année, comme dividende, 4 250 marks. Les années précédentes, il avait fait de meilleures affaires, ayant reçu jusqu’à 1 500 francs de dividende par action.
Dans les assemblées générales d’actionnaires, l’empereur se fait toujours représenter. C’est qu’il s’intéresse à la brasserie. Ceci ne l’empêche point de n’avoir sur sa table que des vins sans alcool. Une fois de plus, la parole est d’argent, mais l’action est de diamant.
Pendant que nous tenons les têtes couronnées, rappelons que le roi de Suède, dans une audience accordée aux Bons Templiers, leur a déclaré qu’il se réjouissait des progrès de l’abstinence et qu’il travaillerait de toutes ses forces à la prohibition de l’alcool. Logique avec sa promesse, lors des grandes manœuvres de Aadalen, il offrit un banquet de 200 couverts où il n’y eut ni vin ni bière ; il adressa aussi, à cette occasion, de cordiales salutations au congrès anti-alcoolique de Londres.
Le Kronprinz, un abstinent réputé, ouvrit le congrès de Stockholm et suivit assidûment celui de Londres.
Le roi de Danemark, répondant à une délégation des sociétés d’abstinence, a dit qu’il se réjouissait de pouvoir signer la première loi de prohibition en Europe (Islande) et qu’il en signerait une pareille avec satisfaction, pour le Danemark, le jour où les législateurs la lui proposeront.
Voilà qui est parfait. Encore si ces exemples partis de haut portaient leur fruit ! Et si, surtout, nos démocrates, au lieu d’encourager les croisades contre l’alcool, ne favorisaient pas la multiplication des cabarets, source inépuisable de revenus pour le fisc, mais aussi source de maux sans nombre, cause de décadence, progressive et irrémédiable, de la race.
(« La Chronique médicale », mars 1912)
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