L'ANSM alerte sur les risques de méningiome liés à l'Androcur

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Publié le 27/08/2018
Méningiome

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Crédit photo : SIMON FRASER/SPL/PHANIE

L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) apporte ce lundi dans un communiqué des données beaucoup précises sur les risques de méningiome liés à l'acétate de cyprotérone (Androcur), connus depuis presque 10 ans.

L'acétate de cyprotérone qui a des propriétés anti-androgéniques, est un dérivé de la progestérone utilisé dans certains cancers de la prostate et pour des formes majeures d'hirsutisme féminin (idiopathique, syndrome des ovaires polykystiques). Le dosage à 100 mg a des « indications dans le traitement de paraphilie en association avec une prise en charge psychothérapeutique. »

Étude portant sur 250 000 femmes

Dans son communiqué, l'ANSM présente les résultats provenant d'une étude conduite par l'Assurance maladie avec le service de neurochirurgie de l'hôpital Lariboisière, à Paris. Ce travail a permis de préciser en vie réelle, la relation entre la prise du médicament, notamment la dose et la durée de traitement, et l’apparition d'un méningiome. Cette étude a porté sur 250 000 femmes exposées à l’acétate de cyprotérone (début du traitement entre 2007 et 2014) dont 140 000 avaient eu au moins 3000 mg, au cours des 6 premiers mois de traitement.

Un risque multiplié par 7 à 20 selon la dose

« Les résultats indiquent que l’exposition à l’acétate de cyprotérone à forte dose expose à un risque de méningiome – pris en charge en neurochirurgie – multiplié par 7 par rapport au groupe de femmes faiblement exposées et qui ont arrêté le traitement. Il existe par ailleurs une forte relation entre la dose et l’effet, le risque étant multiplié par plus de 20 au-delà d’une dose cumulée de 60 g, soit environ 5 ans de traitement à 50 mg/j ou 10 ans de traitement à 25 mg/j (lorsque le traitement est pris 20 jours par mois) », détaille l'ANSM.

De nouvelles recommandations

Compte tenu de ces nouvelles données, l’Agence du médicament a réuni le 13 juin dernier un comité d’experts indépendants (CSST), composé d’endocrinologues, pédiatres, gynécologues, neurochirurgiens et dermatologues.

L’ANSM souhaite que des recommandations d’utilisation de l’acétate de cyprotérone soient établies. Elles « seront discutées lors d’une prochaine réunion du CSST ».

Gynécologues et généralistes sont les premiers prescripteurs

D'après les données recueillies par l'ANSM, les généralistes sont parmi les principaux prescripteurs de ce médicament : « les données openmedic 2017 pour la répartition des ventes d’Androcur 50 mg montrent une prescription initiale ou de renouvellement faite par les médecins : gynécologues (39 %), généralistes (27 %), prescripteurs hospitaliers (toutes spécialités confondues) (15 %), endocrinologues (10 %)... »


Source : lequotidiendumedecin.fr