L'avortement de nouveau en question en Pologne

Publié le 21/09/2016

La bataille de l'avortement reprend en Pologne avec une offensive des partisans de son interdiction totale : une proposition de loi déposée par les conservateurs catholiques est en effet à l'ordre du jour du parlement jeudi. Le texte prévoit des peines allant jusqu'à cinq ans de réclusion pour les personnes qui pratiquent l'IVG, y compris les femmes.

Le comité "Stop Avortement" des organisations pro-vie, qui se sent pousser des ailes depuis la victoire électorale du parti Droit et Justice (PiS) en octobre, veut aller jusqu'au bout, alors que la loi anti-avortement actuelle est déjà classée parmi les plus restrictives dans l'Union européenne. Autorisant l'IVG dans trois cas sueulement : risque pour la vie ou la santé de la mère, examen prénatal indiquant une grave pathologie irréversible chez l'embryon et grossesse résultant d'un viol ou d'un inceste. Conséquence, moins de 2.000 avortements légaux sont pratiqués officiellement chaque année en Pologne.

Les pro-life sont appuyés par l'Eglise catholique, toujours très influente en Pologne. Même si les évêques se sont prononcés contre une peine de prison pour les femmes qui avortent. Les promoteurs du texte d'initiative populaire ont réuni plus d'un demi-million de signatures pour l'appuyer - alors que 100.000 auraient suffi pour le proposer aux députés. Tout en punissant ceux qui pratiquent l'IVG, leur proposition de loi fait obligation à l'Etat et aux collectivités locales de soutenir les femmes et les familles qui élèvent des enfants handicapés et ceux nés des suites d'un viol ou d'un inceste.

Dans ce débat, subsiste une inconnue majeure : le PiS, tout en approuvant l'idée générale, semble hésiter à apporter son appui officiel en tant que parti à la proposition de loi et applique la règle de liberté du choix personnel de ses députés dans les questions éthiques. Certains de ses responsables apprécient la longue trêve conclue en 1993 et craignent un retour du balancier en cas de retour des centristes au pouvoir, autrement dit l'adoption à terme d'une loi libérale promue par les organisations pro-choix.

Ces dernières ont créé un comité baptisé "Sauvons les femmes" et déposé une proposition de loi permettant de pratiquer l'avortement sans conditions jusqu'à la 12e semaine de la grossesse, et, après ce délai, dans les cas autorisés par la loi actuelle. 215.000 signatures environ ont été rassemblées à l'appui de cette initiative.


Source : lequotidiendumedecin.fr