Le manque d'internes de médecine générale en pédiatrie fait craindre une crise sanitaire en Ile-de-France

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Publié le 18/10/2019
Internes

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Crédit photo : BURGER/PHANIE

Plus d'une vingtaine de chefs de service de pédiatrie d'Ile-de-France s'alarment du manque d'internes de médecine générale dans leurs services pour cet hiver. 168 postes seraient non pourvus et les hôpitaux franciliens craignent que cela ne débouche sur « une crise sanitaire ».

« À la suite d'ouvertures de postes décidées sans concertation avec les représentants des services de pédiatrie d'Ile-de-France, la répartition des internes de médecine générale dans les différents services de pédiatrie de la région s'est faite sans tenir compte des besoins des hôpitaux, notamment ceux les plus éloignés du centre de Paris », expliquent dans un communiqué les chefs de service des hôpitaux situés majoritairement en périphérie de Paris.

Plus de postes ouverts à Paris et en petite couronne

« Beaucoup de stages ont été ouverts à Paris et dans la petite couronne, où les internes se sont répartis », délaissant les hôpitaux de la grande couronne, a expliqué à l'AFP le Dr Sébastien Rouget, chef du service de pédiatrie du centre hospitalier sud-francilien de Corbeil-Essonnes, pour qui « la situation est critique ».

Or, ces services sont « déjà pénalisés par le manque de pédiatres dû à une démographie défavorable et au manque d'attractivité des carrières hospitalières ». En conséquence, « plusieurs services ne seront pas en mesure d'assurer l'accueil des urgences pédiatriques 24 heures/24 à partir du 4 novembre », écrivent les chefs de service concernés.

Ils en appellent à la responsabilité du gouvernement, et en particulier à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, pour « trouver une solution rapide à cette crise sans précédent ».

L'ARS reconnaît sa responsabilité

Dans un communiqué séparé, l'Agence régionale de Santé (ARS) d'Ile-de-France reconnaît que « les résultats de la procédure de choix des internes de médecine générale pour le semestre d'hiver 2019 ont conduit à une légère réduction du nombre d'internes ayant choisi d'effectuer leur stage dans un service de pédiatrie, mais surtout à une répartition de ces 159 internes qui n'est pas en adéquation avec les besoins de fonctionnement » de ces services.

Cela va « conduire à des tensions fortes dans certains services déjà largement sollicités », poursuit l'ARS qui assure suivre « avec beaucoup de vigilance ce dossier » et promet de mettre tout en œuvre « pour assurer la meilleure couverture de soins pédiatriques » en Ile-de-France l'hiver prochain. « Chacun devra prendre sa part de responsabilité », indique-t-on à l'ARS, « les établissements très bien dotés » pouvant notamment « inciter les internes à faire des gardes dans d'autres établissements ».  

Sur Twitter, le directeur de l'ARS d'Ile-de-France a reconnu les tensions et assuré rechercher toutes les solutions possibles.

Des problèmes de répartition récurrents en IDF

La répartition des internes de médecine générale en Ile-de-France n'est pas un problème nouveau. En février dernier, l'ARS Ile-de-France avait confié au Pr Benoît Schlemmer, ancien doyen de la faculté de médecine Paris-Diderot (Paris 7) et pilote de la réforme du troisième cycle et à Isabelle Riom, interne en médecine générale et ex vice-présidente de l’Isni (Intersyndicale des internes de médecine), une mission relative à la répartition des postes d'internes de la région. Contactée par Le Généraliste sur l'avancement de ces travaux, l'ARS Ile-de-France n'a pas encore répondu à nos sollicitations. 

Une diminution importante du nombre d'internes en médecine générale, notamment dans les hôpitaux périphériques de Paris, avait été constatée il y a quelques mois dans la foulée de la réforme du 3e cycle entrée en vigueur en 2017 avec la création de nouvelles filières (médecine d'urgence, gériatrie). La promotion des ECN 2016 avait vu 660 internes choisir la médecine générale en Ile-de-France, contre 550 en 2017, 385 en 2018 et 440 en 2019.

L’inquiétude des hospitalo-universitaires en dit long sur l'importance des internes dans le fonctionnement des services hospitaliers.

Avec AFP


Source : lequotidiendumedecin.fr