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Les antalgiques opioïdes en vigilance orange

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Publié le 01/03/2019
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Un rapport de l’ANSM sur les mésusages et les problèmes liés aux antalgiques opioïdes vient d’être publié. Il révèle que le nombre de décès liés à ces médicaments a plus que doublé en quinze ans, expliquant pourquoi cette agence se montre hypervigilante.
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

L’augmentation de la prescription des antalgiques opioïdes a pour conséquences davantage de mésusages, d’intoxications et même de décès. Entre 2000 et 2015, le nombre de morts liées aux opioïdes a augmenté de 146 % pour atteindre au moins quatre par semaine.

10 millions de Français

Consciente de la gravité de cette situation, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) vient de publier un rapport sur les consommations et les usages problématiques de ces produits. Beaucoup de données figurant dans ce document émanent d’une journée d'échanges organisée par l'Agence du médicament en mai 2017, dont certaines ont été actualisées.

L’usage de ces produits est donc sous le scope de l’Agence du médicament, même si en France leur utilisation n'a pas les mêmes conséquences qu'aux États-Unis. Chaque jour, 115 Américains meurent en effet d'un surdosage aux opioïdes. « Les conditions de prescription, de délivrance, de prise en charge des traitements et d'information auprès des professionnels de santé et du grand public sont différentes de celles des États-Unis », précise l'ANSM. D’ailleurs en 2017, nos autorités sanitaires avaient serré la vis, rendant obligatoire la prescription médicale pour tout opioïde, dont la codéine.
Il faut rappeler que l’augmentation de la consommation des antalgiques opioïdes est liée à différents facteurs dont la meilleure prise en charge de la douleur en milieu hospitalier comme en ambulatoire. Par ailleurs, le retrait du Di-Antalvic® en 2011 a favorisé la prescription de tramadol.

Le tramadol en première ligne

Chaque année, environ 10 millions de Français ont une prescription d'antalgique opioïde (davantage les femmes). Le tramadol est le plus consommé. Mais c’est surtout la prescription des opioïdes forts qui a augmenté. Entre 2006 et 2017, elle a cru de 150 %, surtout l'oxycodone.

Cependant, malgré les règles encadrant en France l'utilisation de ces substances, l'Agence du médicament constate une élévation de leurs mésusages, parfois graves de conséquences. Le taux de notifications d'intoxication aux antalgiques opioïdes a doublé entre 2005 et 2016. Les médicaments les plus en cause : le tramadol, la morphine et l'oxycodone, le premier étant le plus souvent impliqué dans ces décès sur ces quatre dernières années.

Ce rapport se conclut par l'énonciation de mesures pour réduire les risques liés à l'usage de ces produits. Certaines sont en cours, comme des actions de communication. Nathalie Richard de l’ANSM (retrouvez sa réaction) était d’ailleurs intervenue au Congrès de médecine générale de 2018 à Paris pour parler des risques liés aux antalgiques. Et au vu des données de ce rapport, on peut prévoir que d’autres initiatives seront engagées.


Source : lequotidiendumedecin.fr