Infectiologie

Les antibiotiques dans le collimateur des pédiatres

Publié le 15/12/2017
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La moindre prescription d’antibiotiques et sur une durée moins longue pour protéger le microbiote de l’enfant et son avenir à long terme devient le credo des infectiologues pédiatriques. Ces experts se félicitent de l’obligation vaccinale.
Cohen

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Crédit photo : DR

Sans aucun doute, l’obligation vaccinale des tout petits par onze vaccins aura été l’actualité majeure de l’infectiologie pédiatrique française. Du reste, cette décision attendue depuis le rapport Fischer de fin 2016 a provoqué un grand soulagement chez les pédiatres. Au point qu’au sein d’un collectif d’une quarantaine de sociétés médicales, leurs principales sociétés savantes et instances représentatives ont co-signé un communiqué de soutien à la mesure de la ministérielle.

Des antibiothérapies courtes

« Obligation vaccinale mise à part, les faits marquants qui auront pesé cette année sur l’infectiologie pédiatrique concernent tous les antibiotiques », explique le Dr Robert Cohen (vice-président de la SFD). Le premier porte sur la durée des antibiothérapies, qui doit être aussi courte que possible pour réduire la pression de sélection, mais à la fois assez longue pour permettre l’éradication bactérienne. Le groupe recommandations de la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF), au terme d’une revue de la littérature, a établi des durées optimales de traitement (Médecine et maladies infectieuses, mars 2015). Ainsi, des sessions courtes – souvent plus concises que dans certaines recommandations – peuvent être proposées dans les infections respiratoires basses, où cinq jours peuvent suffire, tandis que l’OMA exige dix jours d’antibiothérapie. 

Moins d’antibiotiques en néonatologie

Cette tendance générale au moins d’antibiotiques et à spectre moins large s’est aussi étendue à la population fragile que sont les nourrissons de néonatologie. La Société française de pédiatrie a publié en septembre dernier des recommandations sur la prise en charge du nouveau-né à risque d’infection néonatale bactérienne précoce. « Par exemple, on utilise de moins en moins les C3G au profit de l’amoxicilline et de la gentamycine pour préserver au maximum l’intégrité du microbiome », explique le Dr Cohen. Quant aux risques pour les nourrissons traités par antibiotiques de développer sur le long terme des maladies auto-immunes telles que diabète type 1, MICI ou obésité, etc. « Les preuves s’accumulent, affirme le pédiatre. Clairement, les conséquences des antibiothérapies chez le bébé ne sont pas uniquement liées au risque d’antibiorésistances et de perturbations de la flore intestinale à court terme ». nDr Linda Sitruk

Dr Linda Sitruk

Source : lequotidiendumedecin.fr