Les antibiotiques pourraient perturber l’efficacité de l’immunothérapie

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Publié le 04/11/2017
Antibiotiques

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Crédit photo : GARO/PHANIE

L’immunothérapie a bouleversé le pronostic de certains cancers, mais tous les patients n’y sont pas répondeurs. La prise d’antibiotiques en période « péri thérapeutique » pourrait expliquer certains échecs selon une étude française publiée dans la revue « Science ».

Ce travail a porté dans un premier temps sur une série de 249 sujets traités par une immunothérapie de type anti-PD-1/PD-L1 pour un cancer avancé du poumon, du rein ou de la vessie. Près d’un quart (28 %) avaient pris des antibiotiques en raison d’une infection dentaire, urinaire ou pulmonaire. A état de santé initial comparable, la survie sans progression et la survie globale étaient diminuées chez les patients ayant bénéficié d’une antibiothérapie deux mois avant et jusqu’à un mois après le début de l'immunothérapie par rapport à celle observée chez ceux n’ayant pris aucun antibiotique.

Une étude sur 153 patients

Selon les auteurs, ce constat pourrait s’expliquer par l’effet des antibiotiques sur le microbiote. L’analyse précise du microbiote intestinal de 153 patients atteints d’un cancer bronchopulmonaire ou rénal a en effet montré que ceux répondant le mieux à l’immunothérapie et ceux dont la maladie était stabilisée pendant au moins 3 mois étaient porteurs d’une flore plus riche en Akkermansia muciniphila.

Pour prouver un lien de cause à effet entre la composition du microbiote intestinal et l’efficacité de l’immunothérapie, les chercheurs ont ensuite transféré à des souris, soit un microbiote "favorable" (provenant de patients répondeurs à l’immunothérapie anti-PD-1), soit un microbiote "défavorable" (provenant de patients en échec). Dans le premier cas, les souris ont évolué favorablement sous immunothérapie contrairement à celles ayant reçu un microbiote "défavorable". Chez ces dernières, l’administration d’Akkermansia muciniphila a permis de restaurer l’efficacité de l’immunothérapie par anti-PD-1.

Les résultats d’une équipe américaine (J Wargo et al. Texas) publiés simultanément dans la même revue viennent appuyer ces données en démontrant que la composition du microbiote de patients atteints d’un mélanome métastatique permet de prédire leur réponse à une immunothérapie anti-PD-1.

Alors qu'environ 20 % des malades atteints de cancer sont sous antibiothérapie, cette étude suggère que « les antibiotiques inhibent le bénéfice clinique de l'immunothérapie chez les patients atteints d'un cancer avancé », indiquent les auteurs. 


Source : lequotidiendumedecin.fr