Les enfants de familles de gens du voyage semblent particulièrement à risque de souffrir de saturnisme, à en croire un article paru dans le Bulletin hebdomadaire épidémiologique (BEH) de Santé publique France.
Suite au signalement d’un cas de saturnisme parmi les enfants de familles de gens du voyage en Charente en 2015, l’Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine a lancé quelques mois plus tard une étude pour évaluer l’exposition au plomb des enfants de cette population.
Une étude portant sur 100 enfants
Ce travail conduit entre 2017 et 2019 a consisté à effectuer une enquête qui s’est intéressée aux familles de gens du voyage usagers des deux centres sociaux et résidant à Angoulême et Confolens (en Charente). En plus de répondre à un questionnaire, en face à face, les personnes (adultes et enfants) ayant accepté de participer à cette enquête pour évaluer leur exposition au plomb, ont effectué une analyse sanguine comprenant un dosage de plombémie. « Parmi les 78 familles rencontrées, 48 familles ont accepté le dépistage du saturnisme et 43 d’entre elles comportaient au moins 1 enfant avec un résultat de plombémie. Au total, 100 enfants ont été inclus dans l’étude », indique le BEH. En cas de saturnisme avéré chez les enfants, une enquête environnementale spécifique était conduite sur le lieu de vie de l’enfant.
Résultat : parmi les 100 enfants âgés de 24 mois à 17 ans, les plombémies allaient de 5 à 332 μg/L. 40 enfants avaient une plombémie supérieure ou égale à 50 µg/L (niveau d’intervention) ; 13 d’entre eux avaient une plombémie supérieure à 100 µg/L (d'après le ministère de la santé, le seuil de déclaration obligatoire des cas saturnisme est fixé à 50 μg/L). Les enquêtes environnementales conduites pour déterminer les expositions au plomb ont montré que « le fait d’être un garçon âgé entre 11 et 14 ans et de participer aux activités à risque de contamination, augmentait de manière significative la moyenne des plombémies. Parmi les activités à risque, le démontage de voitures, le brûlage de matériaux pour en séparer les métaux, ainsi que le découpage et la manipulation de ferraille étaient le plus souvent cités », souligne le BEH.
Renforcer le dépistage dans ces populations
Les pratiques du ferraillage s’avèrent donc particulièrement à risque, surtout quand elles sont effectuées en marge de la réglementation impliquant de façon plus ou moins proche des enfants qui « sont particulièrement vulnérables en raison de l’immaturité de leur système nerveux encore en développement et de leur fort coefficient d’absorption digestive. Ils sont davantage exposés par leur comportement de porter la main à la bouche et parce qu’ils sont proches du sol », ajoute le BEH.
Les auteurs de ce travail concluent : « Malgré un faible nombre de prélèvements, les niveaux de plombémie détectés lors de ce dépistage incitent à renforcer le dépistage du saturnisme sur l’ensemble des enfants issus de la population des gens du voyage, y compris ceux âgés de plus de 6 ans. »
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