Lévothyroxine, beaucoup de spécialités … et autant de questions

Publié le 24/11/2017
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Comme annoncé par Agnès Buzyn en septembre, l’offre thérapeutique pour les hypothyroïdies s’élargit, avec bientôt cinq spécialités à base de lévothyroxine disponibles. Une diversification qui laisse perplexes certains médecins.
Levothyrox

Levothyrox
Crédit photo : BURGER/PHANIE

« C'est quoi ce cirque. Voilà un médicament qui ne posait aucun problème. On en est maintenant à cinq versions ». Posté récemment sur le site du Généraliste par un médecin de terrain, ce message illustre bien la perplexité de certains praticiens face à la multiplication éclair des spécialités à base de lévothyroxine depuis octobre.

Après le Levothyrox, l’Euthyrox, la L-Thyroxin Henning, et la L-Thyroxine Serb en gouttes, les prescripteurs devraient avoir à leur disposition, dès décembre, une nouvelle spécialité baptisée Thyrofix. Ce nouveau venu est un « générique qui dispose d’une AMM en France depuis le 20 septembre 2017 », précise la DGS. Fabriqué par Unipharma, il contient, en sus de la L-Thyroxine, de la cellulose, de la croscarmellose sodique, de la silice et du stéarate de magnésium. L’ANSM étudie par ailleurs l’arrivée de nouvelles spécialités, notamment sous une forme galénique différente. Enfin, la DGS annonce l’importation d’un nouveau stock de 150 000 boîtes d’Euthyrox qui devraient être disponibles à la mi-décembre.

Une prolifération « champignonnesque »

Si cette profusion répond aux promesses faites par la ministre, certains prescripteurs s’interrogent sur son rationnel médical. « Est ce qu'un médecin a une explication "scientifique" à cette poussée proliférative "champignonnesque" de formules de L-Thyroxine, dans un temps record », questionne un autre internaute.

En fait, « on est davantage dans une problématique patient que scientifique », estime le Dr François Lacoin, responsable du groupe médicament au sein du Collège de la médecine générale. Pour ce généraliste, la diversification de l’offre thérapeutique est donc « plutôt une bonne chose » dans la mesure où elle permet d’offrir des alternatives au patient et met fin à une situation de monopole unique en Europe « qui a crée des problèmes ».

Autre question : Thyrofix étant un générique sera-t-il considéré comme tel et pourra-t-il venir se substituer en pharmacie à une autre spécialité ?  « L’inscription (de ce médicament) au répertoire des génériques aura lieu quelques jours avant sa mise à disposition » confirme l’ANSM mais « elle comportera des mises en garde concernant la substitution ».

Enfin, sur quels critères médicaux privilégier une formule ou une autre ? Début octobre, l’ANSM a publié un document dédié aux professionnels de santé mais ce dernier reste succinct sur les éléments médicaux pouvant peser sur la décision. « Ce sont surtout la tolérance et le choix du patient, estime le Dr Lacoin, sachant que dans le domaine de la pathologie thyroidienne, quel que soit le médicament choisi il y aura toujours besoin d’une adaptation. Comme pour tous les autres médicaments, l’obligation pour le généraliste sera de bien connaître les produits qu’il prescrit, quitte à ne pas utiliser les cinq mais seulement deux ou trois.»

Bénédicte Gatin

Source : Le Généraliste: 2814