Maladie d’Alzheimer : l’intérêt de la caféine se confirme en piste de traitement

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Publié le 05/07/2024

Une étude de l’Inserm caractérise l’effet synaptotoxique de l’augmentation des récepteurs adénosinergiques dans des modèles murins de la maladie d’Alzheimer. La caféine, qui inhibe ces récepteurs, confirme sa propension à ralentir la progression des symptômes. Pour en évaluer l’efficacité chez l’humain, le CHU de Lille a lancé un essai clinique.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Des études épidémiologiques suggéraient qu’une consommation régulière de café avait un effet réducteur du déclin cognitif dans la maladie d’Alzheimer, mais le lien causal n’était pas démontré. C’est chose faite grâce à une nouvelle étude de l’Inserm, en partenariat avec le CHU de Lille et l’Université de Lille, qui caractérise la dysrégulation des récepteurs d’adénosine (A2A) dans la maladie d’Alzheimer, récepteurs que la caféine est connue pour inhiber.

Plus précisément, l’expérimentation sur un modèle murin met en évidence que l’augmentation de ces récepteurs dans les neurones au moment du développement de la maladie favorise la perte des synapses et les troubles de la mémoire. Les chercheurs à l’origine de la publication avaient déjà identifié en 2019 une surexpression de ces récepteurs dans l’hippocampe des patients Alzheimer développant des lésions Tau.

Les résultats, présentés dans la revue Brain, révèlent la responsabilité des cellules microgliales dans l’inflammation cérébrale : elles pourraient être impliquées dans la perte synaptique causée par les récepteurs A2A. Ce sont les synapses glutamatergiques de l’hippocampe qui sont les plus vulnérables.

Et ensuite ? Il reste à investiguer les différents signaux neurogliaux à l’œuvre selon les contextes amyloïdes et Tau pour comprendre comment ils convergent vers les mêmes effets synaptiques et mémoriels. Les chercheurs suggèrent de mieux comprendre les mécanismes en œuvre dans la maladie d’Huntington qui pourraient être similaires (développement de lésions Tau et dysrégulation des récepteurs A2A) et donc aussi bénéficier de l’effet de la caféine.

Quid de l’efficacité clinique de la caféine ?

À présent que la dysrégulation des récepteurs adénosinergiques se précise dans la maladie d’Alzheimer, il convient d’évaluer l’impact en vie réelle de l’action inhibitrice de la caféine. En parallèle des études précliniques, le CHU de Lille porte l’essai thérapeutique Cafca de phase 3. Il évaluera l’effet d’un traitement de 30 semaines par caféine (contre placebo) sur la cognition dans la maladie d’Alzheimer débutante à modérée.

Les médecins peuvent diriger vers les centres investigateurs les patients qui répondent aux critères suivants : âge supérieur à 50 ans, diagnostic probable de maladie d’Alzheimer, score MMSE entre 16 et 26 et présence d’un aidant pour accompagner le patient. Ce dernier doit aussi accepter de suivre un régime pauvre en caféine pendant l’étude.


Source : lequotidiendumedecin.fr