Brève

Comment évaluer la qualité de vie ?

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Publié le 26/11/2020
RCFR

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Crédit photo : Voisin/Phanie

« Il nous faut prendre en compte dans la recherche non seulement l'efficience d'un traitement, mais aussi celle de la qualité de vie en général. Un patient n'est ni une tumeur, ni un corps, c'est un Homme ! », s'exclame Marilyne Baranes, psychologue au service d'oncologie médicale de La Pitié Salpêtrière (AP-HP) invitée aux RCFR 2020*. Ces données en vie réelle ou de vraie vie ne rentrent pas dans le cadre des essais cliniques. Elles reflètent la pratique courante des médecins. Et peuvent être extraites de multiples sources comme le dossier médical du patient ou dans le cadre du remboursement du soin notamment. Certaines se trouvent simplement sur le net ou dans les réseaux sociaux...  Pour évaluer cette qualité de vie, explique Jean-Jacques Zambrowski, économiste de la santé et modérateur de la session, il existe deux outils : l'entretien psychologique ou individuel en face à face avec le patient et des outils psychométriques (échelles, questionnaires) utilisés collectivement. Même si l'ensemble des participants reconnaissent le bien fondé de ces données, un grand nombre de difficultés sont pointées. Selon Nicolas Girard, oncologue à l'Institut Curie, « dans les essais randomisés qui ont beaucoup de procédures extrêmement complexes en termes de biomarqueurs, je suis un peu déçu qu'on n'ait pas plus réfléchi à la manière dont on évalue cette qualité de vie ». Le médecin mentionne les nombreuses carences dans le processus de collecte. Alors que tout le monde souligne l'intérêt des données en vie réelle, « au final lors de l'évaluation du médicament, ces données ne sont pas forcément prises en compte par les autorités de santé ». Pierre Cochat, président de la Commission de la transparence de la HAS va dans le même sens, mettant en exergue un problème de méthodologie en raison d'une plurifactorité des données en vie réelle. « Pourtant nous en avons besoin. Il faudrait développer des outils statistiques dédiés » plaide-t-il. La tendance serait quand même à intégrer de plus en plus la qualité de vie « pour se rapprocher de la vraie vie des malades ». L'importance de la qualité de vie est telle qu'on la retrouve aussi dans les essais internationaux : « Au moment de l'évaluation, la qualité de ces données peut être challengée, le niveau de preuve également », ajoute Yannick Sabatin, directrice accès au marché (laboratoire BMS). Même dans la réforme des ATU, est soulignée « la nécessité de recueillir ces données au moment de cette phase de façon à ce qu'on puisse bénéficier de la réalité de la pratique », insiste-t-elle . Ce recueil servira à l'évaluation du médicament, quand ce dernier sera disponible sur le marché. Le travail des praticien pour cette collecte se poursuit activement. En témoigne la grande base de données Esmet d'Unicancer. Mais elle n'est pas la seule. « Dans la vraie vie, nous traitons des patients qui sont très différents de ceux des essais cliniques », conclut Nicolas Girard.

* Plénière 8, Des données de la vie réelle à la vraie vie des patients...: les nouvelles donnes de l'évaluation de l'innovation en cancérologie. Volet 2 : Evaluation de l'innovation en cancérologie : nouvelles données, nouveaux paradigmes.


Source : lequotidiendumedecin.fr