Douleurs musculaires sous statines : un effet nocebo ?

Publié le 03/05/2017
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Crédit photo : CORDELIA MOLLOY/SPL/PHANIE

Les douleurs et faiblesses musculaires comptent parmi les évènements les plus fréquemment rapportés sous statines. Plus que de réels effets secondaires pharmacologiques, ces symptômes pourraient en fait relever d’un effet nocebo, selon une étude publiée dans le Lancet.

Dans ce travail, les auteurs ont repris et analysé les données de tolérance de l’étude ASCOT-LLA.  Conduit entre 1998 et 2004, cet essai cherchait à évaluer l’impact d’un traitement par statine en prévention primaire chez 10 180 patients à risque cardiovasculaire (HTA + au moins trois autres facteurs de risque cardiovasculaire). Durant une première phase de trois ans, ces patients ont reçu en aveugle, après randomisation, soit de l’atorvastatine, soit un placebo. Au bout de trois ans, l’étude a été poursuivie en ouvert, l’atorvastatine ayant démontré son intérêt dans cette population.

Côté tolérance, pendant la première phase de l’étude, lorsque les patients ignoraient s’ils prenaient ou non de l’atorvastatine, le taux de symptômes musculaires était similaire dans les 2 groupes (2,03 % et 2 % par an). En revanche, lors de la deuxième phase, lorsque les patients étaient au courant de leur traitement, la fréquence de ces symptômes était augmentée de 41 % chez les patients bénéficiant d’un traitement par statine par rapport à ceux n’en prenant pas.

Ainsi, la survenue de symptômes musculaires sous statine serait moindre lorsque les patients ignorent qu’ils en prennent. « Notre étude montre que c'est justement la crainte d'éprouver des effets indésirables qui peut provoquer l'augmentation des douleurs et de la faiblesse musculaires, plutôt que les médicaments eux-mêmes » analyse le Pr Peter Sever (Imperial College, Londres), qui a coordonné l’étude. Cet effet nocebo « peut être très puissant ».

Pour les auteurs, « ces résultats devraient aider à convaincre médecins et patients que la plupart des effets secondaires associés aux statines ne sont pas directement liés à l'utilisation du médicament et devraient permettre de contrer l'effet néfaste sur la santé publique des allégations exagérées concernant les effets secondaires liés aux statines ».

Reste que l'étude, financée par les laboratoires Pfizer, Servier et Leo, ne porte que sur un type de statine, l'atorvastatine, et à des doses relativement faibles, comme le souligne le Dr Amitava Banerjee, de l'University College London, dans un commentaire sur l'étude.

Bénédicte Gatin

Source : lequotidiendumedecin.fr