Gynéco-obstétrique, le paradoxe démographique

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Publié le 03/03/2023

Le gynéco-bashing n’est plus un phénomène minoritaire. Dans le rapport 2022 (1) rédigé entre autres par la Commission démographique de CNGOF, le concept est repris comme un des facteurs expliquant le nombre important de burn-out recensé dans la profession. Il « a été extrêmement important et a beaucoup ébranlé la spécialité ». On est loin de l’acmé de popularité qu’ont connu les gynécologues-obstétriciens au moment de la naissance d’Amandine en février 1982, le premier bébé-éprouvette français. Hier très attractive, la pérennité de la spécialité serait-elle en jeu ? Les obstétriciens seront-ils demain en nombre suffisant pour faire naître les bébés, s’alarme même Joëlle Belaïsch-Allart (voir p. 8). Un seul chiffre témoigne de la gravité de la situation. « Seulement 50 % des internes formés à la gynécologie obstétrique poursuivent une activité de garde. L’arrêt de la participation à la permanence des soins survient à peine quelques années après l’internat. » Cette situation d’urgence revêt pourtant un caractère paradoxal.

Une spécialité encore attractive

La spécialité n’apparaît pas en mal de recrutement. Elle est loin d’être désertée par les nouvelles générations. La gynécologie obstétrique se classait au 22e rang de spécialité lors du choix suivant les épreuves de l’internat. Les effectifs ont d’ailleurs fortement augmenté depuis les années 2000. Même si l’on note une stagnation relative depuis 2010. En 2020, on recensait 5 112 gynécologues obstétriciens alors qu’ils étaient 4 050 en 2012. Selon les projections, leur nombre devrait atteindre 6 621 en 2030. Conséquence, la spécialité ne serait pas frappée par le phénomène de vieillissement. La part des moins de 35 ans serait même en légère augmentation. Les tensions observées sont en fait liées aux aspirations nouvelles des jeunes médecins aspirant à concilier les exigences de la vie professionnelle à celles de la vie privée. D’où le choix des médecins nouvellement formés de rejoindre en priorité les maternités effectuant plus de 1 000 accouchements par an. Ces établissements disposent de larges équipes. Ce qui permet de limiter le nombre de gardes de nuit effectuées chaque mois. D’où le cercle vicieux rencontré par les petites maternités, notamment rurales. Les soignants sont peu nombreux. Les gardes sont fréquentes. Ce qui décourage les vocations. Et explique ensuite les fermetures administratives. Faut-il préciser que les auteurs du rapport n’apportent pas de solution à ce déficit d’attractivité ?    

(1) Pérennité des équipes, quel avenir pour la continuité des soins en gynécologie-obstétrique ? Collège des enseignants en gynécologie-obstétrique et Collège national des gynécologues obstétriciens français (CNGOF).


Source : Décision Santé