La prescription d'opioïdes forts en augmentation en France

Entre 2006 et 2017, la prescription d’antalgiques opioïdes de palier III (fentanyl, morphine, oxycodone) a augmenté d’environ 150 %, selon l'état des lieux dressé par un groupe d'experts rassemblé par l'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).

« Cette augmentation est un indicateur d'amélioration de la prise en charge de la douleur », estiment les auteurs du rapport, qui rappelle que « les modalités de prise en charge et de surveillance par les prescripteurs, ainsi que l'accès contrôlé à ces médicaments ont permis d'éviter une crise de même ampleur qu'aux États-Unis ».

En 2015, presque 10 millions de Français ont reçu un antalgique sur prescription médicale. Bien que la consommation d'antalgiques opioïdes de palier II ait diminué, à la suite du retrait du Di-antalvique (dextropropoxyphène/paracétamol), le tramadol reste l'antalgique opioïde le plus consommé en France : 11,22 doses définies journalières pour 1 000 habitants en 2017, soit une augmentation de 68 % depuis 2006.

Dans l'écrasante majorité des cas, la prescription est faite par un médecin généraliste : 86,3 % des opioïdes de pallier II et de 88,7 % des opioïdes de pallier III ont été prescrits par les médecins du premier recours. Pour le Pr Nicolas Authier (CHU de Clermont-Ferrand), membre de la commission des stupéfiants et des psychotropes de l'ANSM, cette augmentation est principalement dû à l'augmentation des prescriptions pour des douleurs non cancéreuses ont augmenté de 88 %.

Le nombre d'hospitalisations liées à la consommation d'antalgiques opioïdes obtenus sur prescription médicale a augmenté de 15 à 40 hospitalisations pour un million d'habitants entre 2000 et 2017. Le nombre de décès liés à la consommation d'opioïdes a augmenté de 1,3 à 3,2 décès par million d'habitants, soit au moins 4 décès par semaine.