Le déremboursement des médicaments entraîne la hausse des prix des produits concernés… et la chute des volumes

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Publié le 01/03/2019
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Crédit photo : Phanie

Les prix des médicaments déremboursés fin 2011 se sont envolés (+39 % en moyenne en un an), illustre une enquête de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES, ministère), qui mesure le lien entre déremboursement, baisse des volumes et augmentation des prix.

Les auteurs se sont penchés particulièrement sur l'année 2011 car elle correspond à une vague importante de déremboursement de spécialités. Selon la DREES, les ventes de médicaments déremboursés ont baissé d'environ 33 % en volume par rapport à la période précédant leur déremboursement.

Pour compenser la perte de chiffre d'affaires, les laboratoires adoptent différentes ripostes. La stratégie majoritaire a été d'augmenter les tarifs (39 % en moyenne) pour la moitié des spécialités déremboursées. Quelques produits ont vu leur prix flamber comme le bain de bouche Alodont 200 ml (+144 %) ou le relaxant musculaire Lumirelax 500 mg (+111 %). Néanmoins, cette forte hausse des prix n'a pas permis de contrebalancer la chute des volumes des ventes (estimée à 47 % en moyenne), entraînant une réduction du chiffre d'affaires (26 %).

La deuxième stratégie courante utilisée par les laboratoires a consisté à baisser les prix des médicaments qui n'étaient plus pris en charge. C'est le cas pour 23 % des médicaments déremboursés en 2011 qui ont vu leur prix diminuer de 8 % en une année. Ce choix a effondré le chiffre d'affaires sous l'effet cumulé de la chute des tarifs et des volumes (-62 % sur la période). Plusieurs produits ont ensuite été retirés du marché dans les deux ans suivant leur déremboursement. C'est le cas de traitements agissant sur les désordres osseux (ostéoporose, rhumatologie) dont la commercialisation a cessé en 2013. 

Enfin, pour 17 % des médicaments déremboursés, les prix hors taxes sont restés stables, en dépit d'une forte réduction des volumes des ventes. 

10 % du marché

En 2016, le chiffre d'affaires total (hors taxes) de l'ensemble des médicaments vendus dans les pharmacies de ville s'élevait à 20 milliards d'euros. Les médicaments non remboursables y représentent 2,2 milliards d'euros, soit 10,7 % du marché.

Entre 2011 et 2016, plusieurs décisions politiques – génériques, baisse des prix – ont entraîné une diminution du chiffre d'affaires (1,4 % en moyenne) des spécialités remboursables. A contrario, celui des spécialités non remboursables a grimpé de 2 % par an en moyenne sur cette période.

Pour ces produits non remboursables, 12 classes thérapeutiques concentrent la moitié du chiffre d'affaires et cinq représentent le tiers du marché ! On retrouve les traitements des troubles érectiles (6,9 % du chiffre d'affaires), ceux des troubles de la circulation sanguine (6,2 %), les solutions antitabac (5,9 %), des décongestionnants anti-inflammatoires du pharynx (5,8 %) et les analgésiques non narcotiques antipyrétiques (5,4 %).

 


Source : lequotidiendumedecin.fr