Dans une étude publiée dans le British Medical Journal (BMJ), des chercheurs français de l’Unité Inserm 657 « Pharmaco épidémiologie et évaluation de l’impact des produits de sante sur les populations », confirment que l’utilisation de benzodiazépines pendant trois mois ou plus était associée à un risque accru de développer la maladie d’Alzheimer après 65 ans.
Pour parvenir à cette démonstration, les chercheurs bordelais de cette unité dirigée par le Pr Bernard Bégaud s’est appuyée sur les données de la Régie d’Assurance Maladie du Québec, qui oblige les médecins des personnes âgées à transmettre des informations sur l’anxiété et les troubles du sommeil. Ils ont surveillé l’apparition d’une maladie d’Alzheimer auprès d’un échantillon de patients âgés de plus de 66 ans, ayant été traités par benzodiazépines et résidant au Québec. Au terme de 6 années d’observation, 1796 cas de maladie d’Alzheimer ont été identifiés. Et ces patients ont été comparé à un groupe contrôle de 7184 sujets sains dont l’âge, le sexe et la durée du suivi correspondaient.
Les résultats de cette étude cas-contrôle montrent que l’administration de benzodiazépines pendant trois mois ou plus est associé à un risque accru de développer ultérieurement une maladie d’Alzheimer, avec un surrisque de 51% chez les patients ayant pris des benzodiazépines depuis au moins cinq ans. Plus précisément, une exposition cumulative d’au moins 6 mois augmente le risque de démence de 32,6%. De plus, ce risque est plus marqué chez les sujets ayant absorbé des BZD à longue durée d’action comparativement à ceux sous BZD de courte durée d’action. "La force de l’association augmente avec la durée de l’exposition et avec l’utilisation de benzodiazépines à longue durée d’action, par opposition aux benzodiazépines à courte durée d’action" résume Sophie Billioti de Gage, chercheur à l'Inserm dans son commentaire de l’étude.
En 2012, un précédent travail de cette même unité Inserm avait montré, sur une cohorte française, PAQUID, que les sujets consommant des benzodiazépines avaient environ 50% plus de risque de développer une démence comparés à ceux qui n’en ont jamais consommé. Dans l’étude actuelle, les chercheurs se sont attachés à confirmer l'association dans une nouvelle cohorte en étudiant en particulier la potentielle relation dose-effet.
En conclusion, les chercheurs rappellent que même si le lien de cause à effet n'est pas prouvé, l'association plus forte observée avec des expositions à long terme « renforce la suspicion d’un lien direct possible, même si l’usage des benzodiazépines peut également être un marqueur précoce d’un état associé à un risque accru de démence. » Des résultats qui vont dans le sens des recommandations françaises de restriction de prescription à 3 mois des benzodiazépines anxiolytiques et à 4 semaines des benzodiazépines hypnotiques.
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