Pharmacovigilance

Levothyrox : premiers résultats de l'enquête de l'ANSM

Publié le 12/10/2017
Levothyrox

Levothyrox
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Les effets indésirables signalés depuis l'arrivée du nouveau Levothyrox sont dus à "un déséquilibre thyroïdien" causé par le changement de traitement plutôt qu' à la nouvelle formule en elle-même. Telles sont en substance, les premières conclusions de l’enquête de pharmacovigilance sur le Levothyrox rendues publiques mercredi.

Très attendues, ces données intermédiaires écartent pour le moment l’hypothèse d’une toxicité spécifique à la nouvelle formulation, tout en confirmant la hausse des effets indésirables rapportés par les patients après la substitution.

14 633 signalements

Initiée par l’ANSM dès la mise sur le marché de la nouvelle formule, l’enquête s’est penchée sur les données enregistrées par la base nationale de pharmacovigilance (BNPV) et le laboratoire Merck entre fin Mars et mi-septembre. Sur cette période, 14 633 signalements d’effets indésirables ont été reçus par les centres régionaux de pharmacovigilance, ce qui représente 0,59 % des 2,6 millions de patients exposés.

L’analyse globale des données de la BNPV ne met pas en évidence d’effets nouveaux en termes de nature et de gravité des cas. Les effets indésirables les plus fréquemment rapportés sont la fatigue, les maux de tête, l’insomnie, les vertiges, les douleurs articulaires et musculaires et la chute de cheveux. « Ces effets étaient déjà rapportés avec le Levothyrox ancienne formule mais leur fréquence de notification est en revanche augmentée », indique l’ANSM qui n'exclut pas « un possible effet amplificateur du portail de signalement et des réseaux sociaux ».

Entre authentiques dysthyroïdies…

Une analyse plus fine portant sur des patients ayant une TSH documentée avant et après passage au Levothyrox nouvelle formule (396 cas ) a permis l’identification d’authentiques cas d’hypo- ou d’hyperthyroidie confirmés par des valeurs de TSH en dehors des normes. « Ces effets, affectant des patients vraisemblablement sensibles à de très faibles variations de doses (et sans que des facteurs puissent permettre la prédiction de ce risque individuel), étaient attendus » indiquent les auteurs de l’étude. En effet, « tout changement de spécialité ou de formule peut modifier l’équilibre hormonal et nécessiter un réajustement du dosage qui peut nécessiter un certain délai ».

… et symptomatologie aspécifique

De façon plus surprenante, l’analyse des cas documentés a également mis en évidence une symptomatologie aspécifique, associant des signes d’hypo- et d’hyperthyroïdie, chez des patients ayant une TSH normale. Ce constat « pose l’hypothèse d’effets indésirables expliqués par d’autres facteurs qu’une dysthyroïdie et mérite plus d’investigations ».

Dans ce contexte, le Comité technique de pharmacovigilance de l'ANSM souhaite que « soit mis en place un groupe de travail constitué de professionnels de santé, pharmacovigilants et patients afin de poursuivre les investigations ». 

Par ailleurs, l’enquête de pharmacovigilance se poursuit et s’élargit dans le contexte d’arrivée des nouveaux médicaments à base de lévothyroxine. L’ANSM a aussi lancé une étude de pharmacoépidémiologie pour étudier les effets du changement de formule sur l’ensemble des patients traités. 


Source : lequotidiendumedecin.fr