Brève

Quel rôle joue la résilience quand on a un cancer ?

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Publié le 28/11/2019
RCFR

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Crédit photo : RCFR 2019

« J'ai eu un vrai parcours de réappropriation de mon identité. Pendant mon traitement, j'ai perdu tous mes cheveux, mes cils, mes sourcils. Et en créant mes fausses franges et mes rubans, j'ai entamé un chemin de résilience. » Julie est une des femmes ayant eu un cancer invitées à témoigner lors de la session spéciale « la résilience en cancérologie » des RCFR 2019. Fondatrice de l'association des Franjynes, elle a eu un cancer du sein à 27 ans. Elle ne pourra plus avoir d'enfants et est interdite d'emprunt bancaire pour dix ans. Et pourtant elle relativise sa nouvelle vie : « J'ai dû réévaluer mes possibilités à la baisse et même si je connais les limites de la résilience, je n'échangerai pas ma vie pour celle d'avant pour rien au monde. »

Séquelles à vie

Isabelle Guyomarch qui a été frappée par un cancer en 2013, a su également rebondir. Ancienne entrepreneuse, elle a créé une marque (Ozalys) de produits de beauté et d'hygiène destinées aux femmes touchées par la maladie : « Il n'y a pas d'angélisme à avoir avec la résilience qui ne représente pas l'éternel bonheur. Elle n'est ni innée ni génétique. C'est un concept très ponctuel lié à la temporalité. » Et de déplorer les séquelles à vie laissées par la maladie, mais aussi les deuils de carrières et de conjoints à entreprendre.

On n'y entre pas comme en religion

Colette Casimir est une autre survivante qui a été victime de trois cancers. Handicapée à 80 % et ayant perdu plusieurs organes, elle est devenue responsable des réseaux sociaux au sein de l'association Fight club cancer : « Je n'ai pu trouver des ressources en moi pour me battre au moment du diagnostic de mon troisième cancer que grâce à mes proches. On n'entre pas en résilience comme on entre en religion. »

Ne pas idolâtrer la résilience

Tous ces témoignages émouvants ont été exposés après une longue présentation du concept de résilience par le Pr Serban Ionescu, psychiatre et psychologue clinicien et professeur à Paris 8 : « La résilience n'est pas une caractéristique définitive et à vie, surtout si une personne subit beaucoup d'épreuves successives. Et il ne faut pas l'idolâtrer car elle se construit en interaction permanente avec l'environnement et les autres. » Ce que confirme Julie Meunier : « Je ne sais pas si je tiendrai le même discours si je devais rechuter. »


Source : lequotidiendumedecin.fr