Pr Daniel Floret* : « Le BCG est peu efficace chez l’adulte »

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Publié le 15/03/2019
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Pr Daniel Floret

Pr Daniel Floret
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Quelle est la grande nouveauté de ce calendrier vaccinal ?

Pr Daniel Floret : Il n’y a pas de grand changement par rapport à l’an passé. Le plus important est la levée de l’obligation vaccinale par le BCG pour les professionnels de santé figurant dans le décret paru au Journal Officiel il y a quelques jours. De son côté, le Haut conseil de santé publique avait déjà émis deux avis allant dans ce sens. Une des principales raisons est que le BCG est assez peu efficace chez l’adulte, sans être dénué d’effets secondaires (surtout locaux). Il ne paraît donc pas utile de vacciner la prochaine génération de professionnels de santé qui va bientôt arriver sans avoir eu le BCG jeune (en France, il n’est plus obligatoire depuis 2007). Tout comme il est inutile de vacciner les professionnels de santé étrangers arrivant en France qui ne l’ont pas été (la France ayant été le seul pays à avoir mis en place une obligation vaccinale BCG pour les professionnels de santé). Par ailleurs, si la vaccination anti-HPV n’est pas étendue aux garçons, le sujet est actuellement réexaminé.

Y a-t-il des changements sur la vaccination contre la rougeole dont les cas ont été nombreux ces derniers mois ?

Pr D. F. : Il n’y a de pas de réelles modifications. Nous disposons en France de recommandations suffisantes qui, si elles étaient bien appliquées, permettraient de résoudre le problème. La préoccupation porte sur les enfants et les adultes qui n’ont pas été correctement vaccinés. Le rattrapage de ces vaccinations est essentiel pour éviter les cas groupés survenant périodiquement.

Quel bilan tirer du calendrier 2018 et en particulier de l’obligation vaccinale chez les jeunes enfants ?

Pr D. F. :
 Il est trop tôt pour faire un véritable bilan de cette obligation vaccinale. Mais les premières données semblent plutôt favorables et montrent une amélioration de la couverture. Elle aurait même commencé avant même que cette obligation devienne effective, et concernerait également les vaccins recommandés, comme la celui contre le HPV.

Une harmonisation au niveau européen des calendriers vaccinaux est-elle envisagée ?

Pr D. F. : Non, la politique vaccinale est la prérogative de chaque état membre de l’Europe. Ces calendriers peuvent être différents pour des raisons épidémiologiques. En Angleterre, par exemple, la vaccination contre les méningocoques B et W est préconisée pour l’ensemble de la population, ces infections étant beaucoup plus nombreuses qu’en France. En Europe du nord où l’incidence de l’hépatite B est faible, seules les personnes à risque sont vaccinées. Presque tous les pays à part la France, vaccinent contre le rotavirus, etc. Mais au total, à quelques exceptions près, les pays européens vaccinent contre les mêmes maladies, avec parfois des schémas vaccinaux un peu différents d’un pays à l’autre.

La récente modification du calendrier des 20 consultations « obligatoires » durant l’enfance prend-elle en compte le calendrier vaccinal ?

Pr D. F. : Cette modification du calendrier des consultations qui était préconisée par le HCSP, va désormais jusqu’à l’âge de 16 ans. Les dates retenues sont en partie liées aux rendez-vous vaccinaux. Un exemple, l’examen médical prévu entre 11 et 13 ans est en lien avec le rendez-vous vaccinal de rappel de diphtérie-tétanos-coqueluche-polio, et de la protection contre le HPV chez la fille.

* Vice-président de la Commission technique de vaccination attachée à la HAS

Propos recueillis par Nicolas Evrard

Source : lequotidiendumedecin.fr