Journée mondiale

PSA : les urologues ne déposent pas les armes

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Publié le 16/09/2016
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À l’occasion de la Journée mondiale de la prostate, l’AFU ne renonce pas et conteste pied à pied les arguments des instances officielles qui ne recommandent pas le dépistage systématique de la prostate par dosage du PSA.
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

«Le cancer de la prostate est le premier cancer chez l’homme avec 50 000 cas par an et 8 000 décès en France », rappelle le Dr Christian Castagnola, vice-président de l’AFU à l’occasion de la Journée mondiale de la prostate du 20 septembre prochain. « Et cette Journée constitue une mesure de sensibilisation du grand public à cette pathologie », explique-t-il.

Il existe en effet encore des tabous sur l’information vis-à-vis de ce cancer. De plus, la polémique sur le dépistage, avec, notamment la communication de la HAS à ce sujet en 2012, suivie des recommandations conjointes de l’INCa, du Collège de médecine générale, de la HAS et de la Cnam au printemps dernier, engendre, d'après le vice président de l'AFU une certaine « confusion » auprès du généraliste. Confusion que les urologues de l’AFU entendent lever à l’occasion de cette journée.

Survie des patients augmentée de 20%
Aujourd’hui, en effet, une nouvelle bibliographie est disponible sur le sujet. L’étude European Randomised Study of Screening for Prostate Cancer (ERSSPC), analysant huit pays européens, pour laquelle on dispose d’un recul de douze ans, montre que le dépistage par dosage des PSA a entraîné une augmentation de la survie des patients de 20 %.  

D’autre part, les résultats de l’étude Prostate, lung, colorectal and ovarian cancer screening trial (PLCO), sur laquelle se sont basés les Américains pour arrêter le dépistage et sur laquelle s’est fondée la HAS pour ne pas faire la promotion du dépistage, sont discutés. On s’est rendu compte en effet que dans le bras qui n’était pas dépisté, 50 % de patients avaient, en réalité, bénéficié d’un dépistage dans les deux années précédentes. D’autre part, durant l’étude, 80 % des patients ont bénéficié d’un  dosage de PSA pour des raisons qui n’étaient pas en rapport direct avec l’étude (décision du médecin traitant ou d’un spécialiste). Donc, la validité de ce travail censé comparer un bras sans dépistage  et un bras avec dépistage est maintenant remise en question. Tant et si bien que le Sénat des États-Unis a demandé aux autorités sanitaires américaines de reconsidérer leur position vis-à-vis du dépistage du cancer de la prostate.

« De plus, souligne le Dr Castagnola, 4,5 millions de dépistages par PSA sont réalisés chaque année en France, et depuis que l’on pratique ce mode détection, on voit la mortalité du cancer de la prostate en France baisser tous les ans de 5 % environ ». Ce qui, selon le spécialiste, a conduit la HAS à communiquer l’année dernière sur l’amélioration de la mortalité par cancer de la prostate. On constate aussi, dans les pays qui utilisent les dosages par PSA, une division par 5 des diagnostics au stade métastatique par rapport aux pays qui ne l’utilisent pas.

Coupler l’IRM au dosage de PSA
« Enfin, aujourd’hui, on peut coupler l’IRM au dosage de PSA  quand on a un doute. Et l’IRM, le plus souvent, permet de voir le cancer. Ainsi que de mieux cibler les patients à qui l’on proposera une biopsie », ajoute Christian Castagnola. Certes, le dépistage peut entraîner un surdiagnostic, mais un patient ayant des PSA élevés ne se verra pas systématiquement proposer une prostatectomie radicale. Le nombre de ces interventions n’a, de fait, cessé, ces dernières années, de baisser, au profit de programmes de surveillance. « Tous ces éléments plaident en faveur d’une information des patients sur le dépistage du cancer de la prostate à leur disposition», conclut le Dr Castagnola.

 

Dr Alain Dorra

Source : lequotidiendumedecin.fr