Nouveau coup dur pour Sanofi. Deux mois environ après que le laboratoire français a annoncé abandonner le développement de son vaccin à ARNm anti-Covid-19, le sarilumab (Kevzara), un de ses candidats à un repositionnement contre l’infection à SARS-CoV-2, vient de donner des résultats peu prometteurs.
Initialement indiqué dans la prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde, cet anticorps monoclonal immunomodulateur ciblant le récepteur de l’interleukine-6 (IL-6) avait – comme le tocilizumab (Roactemra), issu de la même classe thérapeutique – rapidement été identifié comme un traitement potentiel de la « tempête cytokinique » associée aux formes graves de Covid-19. Cependant, si le tocilizumab a vite confirmé son potentiel, une méta-analyse de l’OMS portant sur 9 premiers essais cliniques avait déjà conclu qu’au contraire, le sarilumab ne semblait pas associé à un « effet bénéfique » contre le Covid-19.
Pas de réduction du risque de décès à j14
C’est ce que vient de confirmer l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP). D’après un communiqué diffusé hier, le volet de son essai randomisé contrôlé Corimuno consacré au sarilumab (Corimuno-sari-1) n’a lui non plus « pas retrouvé de bénéfice à court terme du sarilumab dans les formes modérées à sévères de Covid-19 ».
En effet, parmi les 148 patients sous oxygénothérapie hospitalisés en service de médecine inclus dans l’essai, le sarilumab n’a pas réduit significativement le besoin de ventilation ou le risque de décès 14 jours après la randomisation. « À j14, 37 % des patients sous sarilumab et 34 % des patients sous traitement habituel ont atteint [ce] critère principal », déplore l’AP-HP.
Des résultats qui ne s’avéraient pas bien meilleurs à plus long terme, puisque « la mortalité à J +90, était tendanciellement mais non significativement plus faible dans le groupe traité par sarilumab (15 % vs. 21 %) ».
L'efficacité du tocilizumab elle aussi en question ?
Si ces résultats ont de quoi décevoir, ils posent surtout question. Reste en effet à comprendre « les raisons pour lesquelles les résultats précoces sont différents entre le tocilizumab et le sarilumab, deux anticorps thérapeutiques ayant le même mécanisme d’action, ne sont pas claires ».
Une première hypothèse concerne le design des différents essais cliniques conduits à l’heure, qui aurait pu jouer en faveur du tocilizumab. Selon l’AP-HP, « une des explications possibles est une potentialisation de l’effet des anticorps anti-IL-6 récepteur par les corticoïdes : la plupart des essais sarilumab ont été conduits sans corticoïdes dans les deux bras, ce qui n’est pas le cas de la plupart des essais tocilizumab ».
Une autre cause potentielle du moindre effet du sarilumab est pharmacocinétique. « La bio-distribution du sarilumab dans les poumons pourrait être différente de celle du tocilizumab ce qui pourrait se traduire par un effet anti-inflammatoire local moins efficace », estime l’AP-HP.
Autant d’interrogations qui pourraient conduire non seulement à abandonner définitivement le sarilumab contre le Covid-19, mais peut-être aussi à se repencher sur le tocilizumab. D’autant que comme le souligne le communiqué, « dans les essais CORIMUNO-TOCI-1 et CORIMUNO-SARI-1, l’effet tardif à j90 sur la diminution numérique de la mortalité était identique avec les deux médicaments ».
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