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La FHF demande un élan de solidarité pour gérer les urgences l'été prochain

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Publié le 23/06/2022
Frédéric Valletoux (sans masque), FHF, 2021

Frédéric Valletoux (sans masque), FHF, 2021
Crédit photo : S. Toubon

Le président de la Fédération hospitalière de France (élu député) Frédéric Valletoux lance un appel à la solidarité pour l'été qui s'annonce brûlant, en particulier dans les urgences*. « Depuis le mois de mars/avril 2022, nous avons plaidé pour une anticipation de l'été. Alors que la ministre Brigitte Bourguignon a annoncé des mesures, nous demandons des plans de continuité des soins sur chaque territoire. Les ARS ont les moyens de les organiser. »

Perte de sens

Le Dr Chanseau, médecin au centre hospitalier de Pau, rentre dans le détail : « Les hospitaliers vivent une perte de sens. Ils sont pris en étau entre un amont complexe et une situation en aval qui se dégrade. » Résultat, selon le médecin, un certain nombre de praticiens urgentistes a décidé de se réorienter vers la médecine périopératoire, la psychiatrie, la médecine générale, l'hospitalisation à domicile. Au final, ils ne consacrent que 40 à 50 % de leur temps à l'hôpital, ce qui s'avère insuffisant. En témoignent les urgences d'Oloron Sainte Marie qui a subi une grosse perte de praticiens. Conséquence, la permanence des soins de la nuit et du week-end n'y est pratiquement plus assurée. Autre exemple, pour la région Nouvelle Aquitaine qui subit déjà des centaines de fermetures de lits, la situation devient très compliquée pour l'aval. « Les Samu ne sont plus en capacité de gérer brutalement l'engorgement des urgences », alerte-t-il. Et d'appeler à anticiper au quotidien le nombre de lits d'hospitalisation nécessaire.

Equipes fatiguées

Catherine Legall, chef de service des urgences Hôpital d'Argenteuil, chef de pôle des soins non programmés (SNP), enfonce le clou : « Les équipes sont fatiguées et les problèmes considérables. » Et d'alerter sur les risques de ruptures brutales « qu'on n'imagine pas, mais qui peuvent se produire très rapidement ». L'aval est dans une situation délétère. Dans son service, elle recense 250 malades par jour, ce qui pèse vraiment sur la qualité des soins. Elle appelle à remobiliser tous les acteurs, en donnant par exemple plus de lits polyvalents et en installant l'ambulatoire plus précocement.

Tensions avec les intérimaires

Alors que des tensions supplémentaires surgissent entre les permanents et les intérimaires, l'apport de ces derniers ne suffit plus pour combler les trous dans la raquette, selon la FHF qui vient de publier une enquête auprès des soignants hospitaliers et qui mérite d'être regardée à la loupe.

Taux d'absentéisme

Concernant le taux d'absentéisme, en novembre 2020, il est de 9,9 % (+ 1 point vs 2019). Il était de 7,4 % en 2012. Mais il a un peu reculé en 2021 dans les CH (9,8 % vs 10,1 %) alors qu'il a progressé dans les Chu (9,9 % vs 9,7 %). Autre point, les établissements sanitaires ont enregistré entre 2019 et 2021 une hausse de leurs effectifs de 3 %. Mais cela n'a pas suffi pour combler le nombre de postes paramédicaux vacants. À la question de savoir si les établissements ont connu des difficultés de recrutement, 80,3 % répondent par la positive et 18,9 % aussi, mais de façon ponctuelle. Ces difficultés de personnel ont des répercussions sur le rattrapage de l'activité MCO (-4 %) dont - 6 % en chirurgie. Les autres conséquences sont la fatigue des équipes, la hausse des heures supplémentaires et le recours à l'intérim et la fermeture temporaire des lits pratiquée par 57 % des CH et par 85 % des Chu. Les secteurs qui ont le plus de difficultés de recrutement sont la chirurgie (blocs opératoires) en Chu (90 %), la gériatrie en Chu (90 %) mais aussi dans les autres types d'établissements (plus de 80 %). La nuit est la période la plus complexe à organiser. Enfin, le nombre de personnels non vaccinés (4 000 à 5 000 professionnels tous métiers confondus) a été divisé par 4 entre septembre 2021 et le printemps 2022, ce qui ne représente pas un vivier important.

Les solutions de la mission Flash

Quel scénario pour s'en sortir ? Du rapport (François) Braun (Mission Flash) qui sera publié fin juin, seront lancées 50 solutions dont le service d'accès aux soins qui sera généralisé à tout le territoire., la gestion des soins non programmés au sein de l'établissement et avec les urgences, faire collaborer tous les professionnels de soins avec le premier recours. « Nous ne sommes pas sur un pic de difficultés, mais sur une tendance longue », conclut Frédéric Valletoux.

* Conférence de presse du 23 juin 2022 organisée par la FHF.


Source : lequotidiendumedecin.fr