Le rattrapage le weekend des heures de sommeil perdues durant la semaine, par exemple en se réveillant plus tard, permet de réduire le risque de maladie cardiaque de 20 %. C’est ce qu’avance un travail qui sera présenté ce dimanche 1er septembre à l’édition 2024 du congrès de la Société européenne de cardiologie.
Les auteurs se sont penchés sur les données de 90 903 sujets issues de la UK Biobank et ont comparé le risque de maladie cardiaque des personnes qui rattrapaient au mieux, durant le week-end, leurs heures de sommeil perdues de la semaine à celui des personnes qui les rattrapaient très peu ou pas du tout. Selon eux, « un sommeil compensatoire suffisant » est bénéfique et « l'association est encore plus prononcée chez les personnes qui manquent régulièrement de sommeil en semaine », détaille le Dr Yanjun Song de l’hôpital Fuwai à Pékin (Chine), co-auteur de l’étude.
Rattraper les heures se fait naturellement
S’il est connu que le manque de sommeil représente un facteur de risque cardiovasculaire, la possibilité d’un rattrapage des heures perdues pour annuler l’effet néfaste est discutée. Dans un article publié par The Conversation, cinq expertes australiennes avaient d’ailleurs tenté de répondre à la question et les avis étaient mitigés. Pour la chercheuse Chin Moi Chow, il est physiologiquement naturel de rattraper les heures perdues du fait de « la pression de sommeil » qui « lorsqu'une opportunité de dormir se présente (comme le repos extensible du week-end) nous plonge dans un long sommeil ». Mais d’autres comme Gemma Paech, chercheuse également, estiment que « bien que nous soyons capables de dormir plus longtemps à la suite d’une privation de sommeil, par exemple faisant des grasses matinées les week-ends, il n'est pas possible de compenser chaque heure de sommeil perdue ». Selon elle, rattraper les heures peut perturber le rythme circadien et « la meilleure façon d'éviter les effets néfastes du manque de sommeil est de s'assurer un repos adéquat tout au long de la semaine ».
Plus d’un participant sur cinq en manque chronique de sommeil
Les auteurs ont eu accès aux données sur le sommeil de 90 903 participants qu’ils ont classées en quartiles représentant quatre niveaux de sommeil compensatoire. Le quartile Q1 (n = 22 475) était le moins compensé, avec -16,05 heures à -0,26 (ce qui correspond à une dette de sommeil) ; le quartile Q2 (n = 22 901) avait -0,26 à +0,45 heure ; le quartile Q3 (n = 22 692) avait +0,45 à + 1,28 heure (compensation de sommeil), et le quartile Q4 (n = 22 695) +1,28 à +16,06 heures. Ils retrouvent dans la cohorte que le manque de sommeil, défini par des nuits de moins de 7 heures, concernait 21,8 % des participants. Parmi les autres, un manque de sommeil occasionnel est toutefois relevé sans que la moyenne quotidienne soit non inférieure à 7 heures.
À partir des données de santé liées aux hospitalisations et aux décès, ils se sont intéressés, sur un suivi médian de 14 ans, aux diagnostics de maladies cardiaques, notamment de cardiopathies ischémiques, d'insuffisance cardiaque, de fibrillation auriculaire et d’accidents vasculaires cérébraux. Chez les individus déclarés en manque de sommeil chronique (n = 19 816), les auteurs retrouvent que les participants compensant le plus avaient un risque diminué de 20 % de développer une maladie cardiaque par rapport à ceux compensant le moins. L'analyse n'a pas montré de différences entre les hommes et les femmes.
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