Rhumatologie

La toxine botulique serait efficace pour réduire la douleur d'une rhizarthrose

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Publié le 28/06/2022
Un essai randomisé en double aveugle a comparé des effets de l'injection intra-articulaire de toxine botulique, à du sérum physiologique sur la douleur liée à une arthrose de la base du pouce. Les résultats viennent d’être publiés dans Lancet rheumatology.

Crédit photo : Garo - Phanie

Les injections de toxine botulique feront-elles partie demain de l'arsenal thérapeutique dédié au traitement antalgique de certaines arthroses ? C'est une question que l'on peut se poser à la lecture d'un essai clinique randomisé en double aveugle de phase 3 publié dans Lancet rheumatology, qui montrerait une efficacité pour soulager les patients souffrant d’une rhizarthrose. Cet essai nommé Rhibot a été conduit par des médecins et chercheurs du service de rééducation et de réadaptation de l’appareil locomoteur et des pathologies du rachis de l’hôpital Cochin-Port Royal (AP-HP), de l’Inserm et d’Université Paris Cité.

Il a porté sur 60 patients souffrant d’une arthrose douloureuse de la base du pouce répondant aux critères de l'American College of Rheumatology de 1990. Trente patients ont reçu une injection intra-articulaire échoguidée (articulation trapézo-métacarpienne) d’1 ml de Botox (50 unités) et trente autres ont été inclus dans le groupe témoin recevant une injection intra-articulaire d’1 ml de sérum physiologique.

Baisse de la douleur de 16 points sur une échelle graduée de 0 à 100

Le critère d’évaluation principal était la réduction moyenne par rapport à l’inclusion, de la douleur sur une échelle numérique graduée de 0 à 100, 3 mois après l'injection. Résultat : à 3 mois, la douleur moyenne a diminué de 25,7 sur 100 points dans le groupe traité par la toxine botulique, contre 9,7 sur 100 points dans le groupe témoin.
En revanche, concernant les critères d’évaluation secondaires (dont la réduction par rapport à l’inclusion de la douleur à 6 mois, les activités spécifiques de la main, la consommation d'antalgiques et d'anti-inflammatoires non stéroïdiens à 3 et à 6 mois), aucune différence n’a été identifiée.

Aucun effet indésirable considéré comme sévère n’a été observé.

Les effets antalgiques

Différents travaux avaient montré que la toxine botulique a des propriétés antalgiques, « par inhibition de certains neurotransmetteurs de la douleur (substance P, glutamate, peptide relié au gène calcitonine) à la fois au niveau périphérique et central. L’équipe de recherche a donc émis l’hypothèse que son injection intra-articulaire pourrait réduire la douleur à court terme », indique un communiqué de l’AP-HP au sujet de ce travail.

Pour lutter contre les douleurs engendrées par la rhizarthrose, nous sommes très démunis, indiquent les auteurs de ce travail : « en dehors de l’orthèse de repos rigide sur mesure, aucun traitement médicamenteux ou non médicamenteux n’a démontré son efficacité avec un haut niveau de preuve. Pour les phases aiguë et subaiguë de la maladie, les injections intra-articulaires de corticoïdes peuvent être proposées, mais sont moins efficaces que dans le genou »Les auteurs ajoutent que d’autres travaux sont nécessaires pour mieux analyser les effets observés dans cet essai, reproduire nos découvertes à plus grande échelle, et pour connaître les effets d’injections répétées de toxine botulique dans le temps, en incluant le rapport coût/efficacité.


Source : lequotidiendumedecin.fr