Le Généraliste a lu pour vous

Le double déclin mémoire/vitesse de marche, marqueur du risque de démence 

Publié le 29/02/2020
Chaque samedi, la rédaction du Généraliste vous résume en quelques lignes une sélection d’articles issus de la littérature internationale. Entre autres cette semaine, une étude du JAMA Network Open qui suggère que l’exploration conjointe de la mémoire et de la marche pourrait permettre de repérer les patients à risque de démence.

-JAMA Network Open :

Si la perte de mémoire n’est pas à elle seule spécifique de la démence, son association à une diminution de la vitesse de la marche pourrait être un bon témoin d’une atteinte neurodégénérative. Telle est la conclusion d’une méta-analyse observationnelle portant sur six études de cohortes et 8 699 patients de plus de 60 ans.

Selon ce travail, un déclin de la mémoire associé à un ralentissement du test de marche est lié à un risque de démence multiplié par 6,28. En comparaison, la présence d’un seul de ces signes est associée à un surrisque variant entre 2 et 4.

Même si rien n’est démontré pour le moment, cette association pourrait s’expliquer par des processus physiologiques communs et refléter des « dysfonctionnements vasculaires, métaboliques ou énergétiques » présument les auteurs.

Selon eux, ces résultats plaident d’ores et déjà pour une évaluation en consultation de ces 2 paramètres chez les personnes âgées. « Il serait possible de faire un rapide test de marche et une exploration du rappel de mots et de constater l’évolution au fil du temps ». L’observation d’un double déclin pourrait permettre d’identifier une population à haut risque de démence, chez qui renforcer les interventions préventives, en mettant l’accent notamment sur l’évaluation et la prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaires et métaboliques.
 

Également cette semaine :

-Thorax : La prise de poids accélère le déclin de la fonction respiratoire

Une étude menée sur 20 ans montre que grossir à mi-vie accélère le déclin pulmonaire physiologique inéluctable avec l’âge. A contrario, la perte de poids ralentit le processus.

Pour arriver à ces conclusions, Ies auteurs se sont appuyés sur l’énorme corpus de l'European Community Respiratory Health Survey (ECRHS) qui a récolté les données de santé de 10 000 adultes âgés en moyenne de 34 ans. Leur poids, leur taille et leur fonction pulmonaire (capacité vitale forcée et VEMS) ont été mesurés à trois moments sur une période de 20 ans. Des informations sur d'autres facteurs potentiellement influents ont également été collectées : tabagisme actif ou passif, asthme, activité physique, et présence de comorbidités importantes comme le diabète et le cancer.

Au cours de la période de suivi, près de 4 % des participants ont maigri, environ un tiers (34 %) ont gardé un poids stable, un peu plus de la moitié (53 %) ont grossi de façon modérée (0,25-1 kg/an) et 9 % ont pris beaucoup de poids (>1 kg/an). L’évolution du poids était corrélée avec celle de la fonction pulmonaire, l’obésité allant de pair avec un déclin respiratoire plus rapide. Plusieurs études antérieures avaient déjà relevé ce lien entre le surpoids et la capacité pulmonaire mais ces études étaient à court terme et menée sur une population de plus de 50 ans.

Pour les chercheurs, ces résultats, « renforcent le message de santé publique selon lequel le surpoids et l'obésité ont des effets délétères sur la santé, y compris la santé respiratoire »,

-Circulation : Marathon et risque cardiaque, attention au dernier mile

De plus en plus de personnes courent des marathons ou participent à des triathlons. Pour la plupart, c’est un bénéfice mais pour d’autres, heureusement plus rares c’est un risque de mort subite ou de fibrillation atriale (FA) à plus long terme. Un article de Circulation fait une synthèse du rapport bénéfice risques pour ces sports à haute intensité. Ils constatent qu’au cours du temps le risque cardiaque a progressivement augmenté chez les marathoniens ce qui suggère que ces évènements sportifs attirent une nouvelle population à risque c’est-à-dire porteuse d’une cardiopathie non diagnostiquée ou asymptomatique et révélée par l’effort. Chez les marathoniennes, le risque de mort subite est de 3,5 fois plus faible que chez les compétiteurs masculins. Pour les triathlètes, 40 % des problèmes cardiaques surviennent chez les coureurs qui y participent pour la première fois, ce qui questionne sur l’entraînement et le check-up médical. La moitié des problèmes cardiaques arrivent dans le dernier mile du marathon, un sprint en fin d’épreuve semblant très défavorable pour le cœur.

-World neurosurgery : Glioblastome, surveillance clinique plus que radiologique

Le glioblastome est une tumeur cérébrale encore redoutable malgré la progression des taux de survie durant les 20 dernières années. L’équipe de Scott Litofsky a montré qu’il valait mieux attendre des symptômes de récidives que de surveiller régulièrement par imagerie. Ils ont constaté que le pronostic était identique entre les patients qui bénéficiaient d’un suivi radiologique régulier et ceux qui attendaient la survenue de symptômes de récidives. « Les patients peuvent être très anxieux à l’approche de leur examen de radiologie et il est peut-être temps de revoir nos protocoles de surveillance pour le confort des patients » a indiqué l’auteur.

-Nature : Obésité masculine, une immunité prédisposante

Des chercheurs australiens ont découvert des différences au niveau des cellules de régulation immunitaire (Treg) qui permettent de mieux comprendre pourquoi l’obésité est plus fréquente en population masculine. Ils rappellent que les hommes sont davantage prédisposés à des problèmes de métabolisme ou de maladies cardiovasculaires alors que les femmes sont plus souvent atteintes de maladies auto-immunes. En étudiant le tissu adipeux, les auteurs du travail ont observé une différence de nombre et de fonctionnement de ces cellules entre des souris mâles et femelles. De plus, ils ont trouvé le chainon manquant, une cellule stromale qui communique avec ces cellules Treg et qui répond directement à la testostérone. L’équipe de recherche explore des mécanismes analogues dans les maladies auto-immunes et les cancers. 

 

 

 

Dr Muriel Gevrey

Source : lequotidiendumedecin.fr