Les coupes menstruelles aussi efficaces et sûres que les protections féminines classiques, selon le Lancet Public Health

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Publié le 17/07/2019
Protections féminines

Protections féminines
Crédit photo : GARO/PHANIE

C’est un travail inédit que publie aujourd’hui le Lancet Public Health : pour la première fois une méta-analyse s’est penchée sur l’efficacité et la sécurité des coupes menstruelles, avec des résultats rassurants puisque ces dispositifs feraient au moins aussi bien que les autres systèmes de protection périodique (tampons, serviettes hygiéniques, etc.), sans risque spécifique. « Alors que 1,9 milliard de femmes sont concernées par les règles, il existe peu d'études de qualité comparant les produits d'hygiène. Nous avons donc cherché à résumer les connaissances actuelles sur les fuites, la sécurité et l'acceptabilité des coupes menstruelles et en les comparant à d'autres produits lorsque cela était possible », explique le Pr Penelope Phillips-Howard (Liverpool), auteure principale de l’article.

Insérées dans le vagin, les coupes menstruelles collectent le flux sanguin avant d'être vidées toutes les 4 à 12 heures. Fabriquées en silicone ou en latex, elles se déclinent sous deux formes : soit cupule vaginale généralement en forme de cloche, soit coupe cervicale placée plus haut dans le vagin, à la manière d'un diaphragme pour la contraception.

Pas de surrisque infectieux

Les auteurs ont analysé 43 études portant sur 3 319 participantes de pays à revenus élevés (28 études) ou intermédiaires à faible (15). Côté efficacité, les travaux comparant les fuites entre les différents produits observent globalement des niveaux similaires, une publication ayant même retrouvé des fuites nettement moindres avec les coupes.

En termes de sécurité, les auteurs ne mettent pas en évidence de risque d'infections associé à l'utilisation de coupes menstruelles que ce soit en Europe, en Amérique du Nord ou en Afrique. Cinq cas de syndrome de choc toxique ont été signalés, mais le nombre total d’utilisatrices de coupes menstruelles étant inconnus, « il n’est pas possible de comparer ce risque de syndrome de choc toxique à celui observés avec les autres produits d'hygiène ». Dans les études incluant un examen du vagin et du col utérin au cours du suivi, aucune lésion tissulaire n’a été constatée avec la coupe menstruelle.

Des difficultés pour retirer les cupules, nécessitant une assistance professionnelle, ont été signalées deux fois avec la coupe vaginale et à 47 reprises avec les dispositifs cervicaux. Chez les femmes porteuses d’un stérilet, le retrait de la cupule a été associé au délogement du DIU dans 13 cas. Ces observations « suggèrent que la combinaison d'un DIU et de l'utilisation d'une coupe menstruelle pourrait nécessiter des études supplémentaires » estiment les auteurs. Des douleurs ont été rapportées par 5 utilisatrices, trois ont signalé des blessures du vagin, six des allergies ou des éruptions cutanées et neuf des troubles de voies urinaires.

Pour autant l’acceptabilité semble plutôt bonne puisque 70 % des femmes déclarent vouloir continuer à utiliser les coupes menstruelles une fois familiarisées à leur utilisation, le soutien par les pairs et la formation étant vus comme des éléments clés d'une bonne initiation.

Un intérêt croissant mais peu d’information

Suite aux rumeurs récurrentes sur la nocivité potentielle de certains composants entrant dans la composition des protections classiques, les coupes menstruelles suscitent depuis quelques années un intérêt croissant auprès des femmes. Cependant, elles restent peu connues des jeunes filles et ne sont que rarement mentionnées lors de l’information sur la puberté.

Bénédicte Gatin

Source : lequotidiendumedecin.fr