La Conférence des doyens de médecine (CDD) et le Conseil national des universités viennent de publier des outils pour lutter contre les revues prédatrices qui « nuisent à la qualité et à l’intégrité des publications scientifiques ».
Dans la jungle des laboratoires, où règne la loi du « Publish or Perish », la revue prédatrice n'est pas toujours très bien définie. Très schématiquement, il s'agit d'une revue à la rigueur scientifique particulièrement laxiste, voire inexistante, quant à la relecture des articles qui lui sont confiés, capable de publier à peu près tout ce qu'un auteur veut bien lui soumettre, dès lors que ce dernier accepte de payer.
Mais une telle définition ne rend pas compte de toute la palette de couleurs des revues prédatrices. Aussi plusieurs initiatives visent à donner aux auteurs (chercheurs, médecins, doctorants etc.) les outils pour reconnaître et éviter de confier leurs travaux à des publications peu recommandables (ou en tout cas, pas sciemment comme avec les Paper Mills). En 2021, l'université de la Sorbonne avait publié une liste non exhaustive des revues non prédatrices centrée sur les domaines de la santé, de la médecine et de la biologie.
3 400 revues de référence
Le CDD reprend cette liste de 3 400 revues à son compte et donne en prime des outils analytiques pour évaluer si une revue ne figurant pas sur la liste, ou tout autre mode d’expression de la communication scientifique, répond aux standards de qualité de la publication scientifique.
Ils incitent notamment les chercheurs à s'interroger sur les délais d’évaluation et de publication des articles et des évaluations médiocres (délai court = danger !), des tentatives d'imitation de la charte graphique de revues de référence, et surtout à questionner la rémunération de la revue par les auteurs.
En effet, « les revues financées via des APC (pour Article Publishing Charges, c’est-à-dire un prix forfaitaire pour publier en open access sans abonnement, NDLR) » facilitent la création « de revues peu exigeantes sur le plan scientifique, ne s’appuyant pas sur un travail éditorial de qualité, cherchant via des campagnes agressives des auteurs capables de payer », résumait le mathématicien Jean-Yves Mérindol dans son rapport de janvier 2020 sur l’avenir de l’édition scientifique en France et la science ouverte.
Aussi, le CDD recommande la vigilance aux auteurs en cas de frais peu clairs ou abusifs relatifs à la soumission, l’examen des manuscrits et/ou de leurs publications. Même conseil si le site web met en avant la soumission d'articles et le paiement avec plus d’insistance qu'il ne le fait pour la consultation du contenu de la revue.
Plusieurs autres traits sont caractéristiques des revues prédatrices : un manque de clarté dans la description du processus d’examen des manuscrits et dans l’application de frais divers ; une absence de vérification de la conformité éthique et réglementaire de la recherche ; un démarchage agressif et sans discernement ; ou encore une adresse de courriel de contact non spécifique (par exemple @gmail.com), voire des fautes d'orthographe dans les articles ou le site web de la revue.
Enfin, si le comité de rédaction n'est pas ou mal renseigné, ou si les scientifiques qui la composent n'ont pas d'Orcid ID et/ou Research ID vérifiables, une lumière clignotante rouge doit s'allumer dans les esprits. Même chose si les identifiants d'objet numérique (DOI) sont inconnus de https://www.doi.org/, ou si l’International Standard Serial Number (ISSN) ne peut être vérifié dans le Directory of Open Access Journals.
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