L'infection des neurones à GnRH, une piste pour expliquer les troubles cognitifs post-Covid

Par
Publié le 18/09/2023
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : SCIENCE SOURCE/PHANIE

Au sein de la longue liste de symptômes qui se prolongent au-delà de quatre semaines après un Covid-19 (fatigue, « brouillard mental », anosmie…), il en est un qui n'est pas souvent cité : la chute prolongée des taux de testostérone.

Selon les travaux publiés récemment par les chercheurs du laboratoire de Lille Neuroscience, ce déficit hormonal s'expliquerait par l'infection des neurones à GnRH, ce qui pourrait avoir des conséquences délétères sur les fonctions cognitives.

Les neurones à GnRH naissent dans l’épithélium nasal, un endroit qui les expose à l'infection par le Sars-CoV-2, entraînant une baisse de la production de GnRH. Compte tenu du rôle de la GnRH dans le contrôle de la reproduction, ce phénomène s'accompagne d'une baisse de la fertilité masculine et féminine. Mais les neurones à GnRH, qui se projettent aussi dans des régions cérébrales impliquées dans la cognition comme l'hippocampe, sont impliqués dans le maintien des fonctions cérébrales de l'adulte.

Lien entre Covid et testostérone basse

Dans leur nouvelle étude publiée dans la revue eBioMedicine, les chercheurs lillois décrivent la relation particulière entre le Covid-19 et les neurones à GnRH. Précédemment, cette même équipe avait montré, dans un modèle expérimental de souris atteintes de trisomie 21, qu'un dysfonctionnement des neurones à GnRH pouvait avoir des conséquences sur l’altération des fonctions cognitives associées à la maladie.

Ici, ils ont procédé à des dosages de testostérone et de LH réalisés à trois mois puis un an après une infection à Covid-19, chez un petit groupe de 47 hommes. Les scientifiques ont constaté une chute du taux de testostérone chez certains patients après l’épisode infectieux.

Mort des neurones à GnRH

De plus, la proportion de patients signalant des troubles de la mémoire ou de l’attention, avait tendance à être légèrement plus élevée chez les patients qui présentaient des taux de testostérone anormalement bas.

L'échantillon de patients étant assez modeste, ces résultats devront être confirmés sur de plus grandes séries. Mais les auteurs ont complété leurs observations par des résultats d'autopsies pratiquées chez des patients décédés des suites d'une infection Covid. Les chercheurs ont mis en évidence des traces du virus au niveau de l’hypothalamus chez trois patients dont les échantillons tissulaires étaient disponibles, ainsi que la mort d'une partie de la population de neurones à GnRH. Une observation qui conforte l'hypothèse d'une infection de ces neurones par le Sars-CoV-2. 


Source : lequotidiendumedecin.fr