Étude

Maladies chroniques : les patients plébiscitent la télémédecine pour compléter les consultations classiques

Par
Publié le 04/01/2022
Article réservé aux abonnés
D'après une étude de l'AP-HP, les patients atteints de maladies chroniques jugent que la téléconsultation pourrait remplacer jusqu'à 50 % de leurs rendez-vous en face-à-face. Mais ce, seulement une fois leur maladie bien contrôlée et leur routine de prise en charge bien installée.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Non, la télémédecine n’a pas vocation à remplacer la consultation classique. Aux yeux des patients atteints de maladies chroniques, le recours aux soins à distance vient plutôt compléter le face-à-face traditionnel avec les professionnels de santé. C’est ce que suggère une étude française publiée le 29 décembre dans le Journal of the American Medical Association (JAMA).

Déterminer l'équilibre entre télémédecine et consultation classique

« La pandémie de Covid-19 a perturbé le modèle de soins traditionnel et contraint les médecins à mettre en œuvre des modalités de soins alternatives », au premier rang desquelles la télémédecine, rappellent les auteurs de ce travail. Or, alors que ce recours au système de soins à distance devrait sans doute perdurer après la pandémie en parallèle des consultations classiques, la question du bon équilibre entre ce mode d’exercice et les rendez-vous physiques traditionnels se pose.

Pour y répondre, les chercheurs se sont adressés aux principaux concernés : les patients. « Pour tirer des leçons de la pandémie, nous devons rechercher le point de vue des patients sur les modalités de soins alternatifs qu’ils souhaitent intégrer à leurs soins futurs », plaident-ils.

Parce que les sujets atteints de maladies chroniques ont été identifiés comme particulièrement susceptibles de bénéficier de la télémédecine, un échantillon d’un peu plus de 1 529 individus atteints de pathologies chroniques inscrits dans la vaste cohorte de recherche ComPaRe (pour Communauté de Patients pour la recherche) de l’Assistance publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP) a plus particulièrement été consulté. Par un questionnaire en ligne, « il a été demandé [à ces] patients dans quelle proportion et dans quelles circonstances devraient, selon eux, être utilisés les téléconsultations, les sites en ligne permettant d’autoévaluer la gravité de symptômes, et la télésurveillance via des objets connectés », détaille l’AP-HP dans un communiqué.

La télémédecine plébiscitée une fois la maladie bien contrôlée

Résultat : les patients atteints de maladies chroniques plébiscitent la télémédecine pour alléger leur suivi une fois leur traitement bien mis en place, leur routine de soins bien installée, leur maladie bien contrôlée et la relation médecin-malade bien développée. Dans ce contexte, ils estiment que la télémédecine pourrait « remplacer jusqu’à 50 % de leurs interactions traditionnelles avec le monde médical », résume l’AP-HP. Et ce, en particulier en cas d’affection réduisant la mobilité et pour certains motifs de consultation.

En effet, parmi les recours au système de santé pour lesquelles les sujets interrogés jugent la télémédecine très appropriée comptent les rendez-vous de routine ne nécessitant pas d’examen clinique, dédiés par exemple au renouvellement d’ordonnance ou à des échanges rapides autour de résultats d’examens. Pour ce type de motifs, un passage de la consultation à la téléconsultation est jugé souhaitable par les patients.

De plus, les volontaires interrogés préféraient recourir à la médecine à distance plutôt qu’aux consultations classiques pour la surveillance et l’adaptation de leur traitement. Et ce, dans 52 % des cas. « La télésurveillance a été jugée appropriée pour évaluer et adapter rapidement le traitement à partir des données relatives aux symptômes, à l'efficacité du traitement et aux effets secondaires », rapporte l’AP-HP.

Des consultations traditionnelles face à des évènements inhabituels

Cependant, pour des motifs de recours au système de santé moins habituels, les patients interrogés continuent pour la plupart à préférer le face-à-face traditionnel. Par exemple, devant un symptôme atypique, seuls 22 % des répondants préféreraient utiliser des outils d’évaluation des symptômes en ligne (ou symptom checkers) que solliciter physiquement un médecin. « En effet, [dans ce cas], les patients [trouvent] plus rassurant de discuter directement avec leur médecin », précise l’AP-HP.

À noter que ces outils étaient toutefois jugés utiles par les patients « pour décider si une consultation aux urgences est nécessaire, pour gérer des affections mineures, à des heures ou des lieux où des médecins ne sont pas disponibles, comme outil de préconsultation pour recueillir des informations pertinentes pour la consultation, et pour les patients tout juste diagnostiqués ne sachant pas gérer leur maladie », ajoutent les auteurs.

Au total, aux yeux des patients atteints de maladie chronique, il semble que la télémédecine soit destinée non à remplacer les rendez-vous en face-à-face mais à s’hybrider avec la consultation traditionnelle pour la compléter et alléger les prises en charge.


Source : lequotidiendumedecin.fr