Les médicaments utilisés dans la prise en charge d'un trouble lié à l'usage de l'alcool, diminuent de manière significative le risque de survenue de maladie hépatique liée à l’alcool. C'est un des principaux résultats d'une étude parue le 20 mai dans Jama Network.
Une étude portant sur six médicaments
Cette étude rétrospective de cohorte, conduite aux États-Unis, entre 2010 et 2021, qui a utilisé les données de la ‘Mass General Brigham Biobank’, a inclus 9 635 patients souffrant d’un trouble de l’usage de l’alcool. Leur âge médian était de 54,8 ans, 60,4 % d’entre eux étaient des hommes. Parmi ces patients, près de 4 000 ont suivi un traitement médicamenteux lié à leur addiction. Les analyses multivariables ont établi que ce type de médication était associé à une baisse de l’incidence d’une hépatopathie liée à l’alcool (aOR = 0,37). Le fait intéressant souligné dans l’éditorial de cette publication, est que les auteurs de ce travail ne se sont pas uniquement limités aux trois médicaments approuvés par la Food and Drug Administration (FDA) pour un trouble de l’usage de l’alcool, à savoir : l’acamprosate, le disulfirame, et la naltrexone, mais aussi à d’autres molécules : le topiramate, la gabapentine, et le baclofène, utilisées « hors AMM » outre-Atlantique.
De façon plus détaillée, les molécules montrant une baisse significative de l’incidence d’une hépatopathie liée à l’alcool, ont été la naltrexone (aOR = 0,67), la gabapentine (aOR = 0,36), le topiramate (aOR = 0,47), le baclofène (aOR = 0,57). L’acamprosate était associé à une augmentation du risque d’hépatopathie (aOR = 2,59). Et pour le disulfirame : aOR = 0,86.
Par ailleurs, ces molécules ont monté qu’elles étaient associées à une baisse d’incidence de décompensation hépatique chez des patients atteints de cirrhose. Cette association a pu être établie, même quand le traitement médicamenteux était initié après que le diagnostic de cirrhose (aOR = 0,41).
Si ce travail original met en perspective les effets de ces traitements médicamenteux sur la pathologie hépatique dans la prise en charge de ces patients, les deux auteurs de l’éditorial paru dans Jama Network rappellent que cette prise en charge est plurielle et large au travers d’interventions pharmacologiques, mais aussi psycho-sociales.
Le cas du Baclofène
En France, les molécules généralement indiquées comme aide au maintien de l’abstinence sont en première intention la naltrexone et l’acamprosate. Et en deuxième intention : le disulfirame. Le baclofène a reçu une AMM il y a plusieurs mois, avec une indication après l'échec des autres traitements. À noter que le Jama Network indique que l’American Association for the Study of Liver Diseases guidelines s'est déclarée favorable au baclofène chez des patients souffrant d'alcoolodépendance avec une hépatopathie liée à l’alcool, au moins chez ceux ne souffrant pas d’encéphalopathie hépatique.
Bien entendu les auteurs de cet article, comme les éditorialistes insistent sur les morbidités et mortalités associées à des consommations excessives d’alcool. Ainsi, aux Etats-Unis, les données les plus récentes montrent que le nombre de décès lié à l'alcool aurait fortement augmenté ente 2019 et 2020 (première année de la pandémie Covid), passant de 79 000 à 99 000.
Pour en savoir plus, lire notre dossier de FMC sur « Le trouble de l’usage de l’alcool ».
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