Santé publique

Pollution de l’air : malgré des efforts, près de 8 000 décès supplémentaires pourraient être évités en Île-de-France

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Publié le 14/10/2022
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À l'occasion de la Journée mondiale de la qualité de l'air, un Bulletin épidémiologique hebdomadaire revient notamment sur le fardeau lié à la pollution atmosphérique dans deux régions françaises : l'Auvergne-Rhône-Alpes et l'Île-de-France.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Depuis 2010, des progrès ont permis de réduire la mortalité liée à la pollution de l’air. Mais rien qu’en Île-de-France, près de 8 000 décès pourraient encore être évités en respectant simplement les seuils de l’OMS. C’est ce qui se dégage du dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de Santé publique France, publié en amont de la Journée nationale de la qualité de l’air, qui se tient ce 14 octobre.

« En 2021, Santé publique France annonçait que la pollution de l’air extérieur était responsable de 40 000 décès prématurés par an, en faisant ainsi la deuxième cause de mortalité prématurée évitable en France, plus que la consommation d’alcool, bien plus que les accidents de la route », rappelle Santé publique France en préambule de sa publication. Néanmoins, selon l'agence, l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique serait de mieux en mieux connu du grand public. Et ce, « notamment à la suite de la condamnation de la France en 2019 par la Cour de Justice de l’Union européenne pour dépassements réguliers des seuils réglementaires de différents polluants », souligne l’instance de santé publique.

Un besoin de données territorialisées sur l'impact sanitaire de la pollution de l'air

Mais quel est exactement l'impact sanitaire de la pollution de l'air à l'échelle territoriale ? Et qu'apporterait aux habitants de diverses communes le respect de ces « seuils réglementaires » ? Alors que de plus en plus d'initiatives locales se mettent en place, Santé publique France répond en rapportant quelques « données territorialisées » recueillies dans deux régions particulièrement peuplées.

À commencer par l'Île de France, où a été conduite, sur des chiffres de 2010-2019, une évaluation quantitative d’impact sur la santé (EQIS). « C’est une méthode qui a été développée et recommandée par l’OMS, qui permet de quantifier à la fois l’impact sanitaire (de la pollution de l'air) et les bénéfices (associés à diverses mesures) », explique l'épidémiologiste Guillaume Boulanger lors d'un point presse organisé ce 14 octobre par Santé publique France.

Île-de-France : la mortalité associée à la pollution réduite de 40 % en 10 ans

Certes, au cours de la dernière décennie, des progrès certains ont été réalisés en Île-de-France. « Le nombre annuel de décès attribuables à l’exposition prolongée aux particules fines, l’un des principaux polluant de l’air, est passé de 10 350 à 6 220, et a donc baissé de 40 % ». Une réduction de l’exposition aux PM2,5 qui correspondrait à un gain d’espérance de vie de huit mois par habitant dans la région, souligne Santé publique France.

Cependant, respecter les seuils de l’OMS ne serait-ce que pour les particules fines et l’ozone (O3), un autre des principaux polluants de l'air, permettrait de réduire encore la mortalité attribuable à la pollution atmosphérique. « Si de nouvelles mesures étaient prises pour abaisser les niveaux actuels de pollution de l’air sous les valeurs guide de l’OMS, plus de 7 900 décès pourraient être évités chaque année en moyenne en Île-de-France », détaille Santé publique France.

Auvergne-Rhône-Alpes : les particules fines associées à plus de 4 000 décès

Mais en Auvergne-Rhône-Alpes aussi, des bénéfices sont à attendre du respect des seuils de l'OMS. C'est ce que suggèrent les résultats d'une autre EQIS conduite sur des données de la période 2016-2018 recueillies dans chacune des communes de la région.

De fait, l'exposition chronique aux principaux polluants de l'air est bien associée, dans la région, à des milliers de morts. « Chaque année, en Auvergne-Rhône-Alpes, près de 4 300 décès seraient attribuables à une exposition de la population aux PM2,5 et 2 000 décès à une exposition de la population au NO2, représentant respectivement 7 % et 3 % de la mortalité totale annuelle », résume Santé publique France. Par ailleurs, en termes de morbidité, l’exposition aux particules fines serait à l’origine d’environ 200 cancers du poumon, 780 AVC et 550 passages aux urgences pour asthme chez les enfants.

Or, respecter les concentrations limites de ces polluants recommandées par l'OMS permettrait d'éviter une part importante de ces décès. « Si les niveaux moyens annuels de PM2,5 respectaient l’ancienne valeur guide de l’OMS de 10 μg/m3 dans l’ensemble des communes qui dépassaient cette valeur sur la période 2016-2018 (28 % des communes regroupant 65 % de la population régionale), la mortalité totale baisserait de 1,6 %, soit 1 029 décès évités chaque année », détaille Santé publique France. Un chiffre qui atteindrait 855 décès évités avec le NO2.


Source : lequotidiendumedecin.fr