Des membres du réseau Epi-Phare ont dévoilé de nouveaux éléments sur l’évolution des grossesses chez les patientes atteintes de polyarthrite rhumatoïde (PR), d’après le système national des données de santé. L’équipe a identifié toutes les grossesses entre 2010 et 2020 et a comparé les issues de grossesse entre patientes ayant une PR (11 792 femmes) et celles qui n’en sont pas atteintes (10 413 681 femmes). Leurs résultats ont été publiés dans la revue RMD Open le 19 janvier 2024.
La prise en charge des patientes enceintes atteintes de PR a évolué ces dernières décennies, en particulier avec la disponibilité de nouvelles molécules thérapeutiques et une connaissance plus fine des mécanismes de la maladie. Les médecins espéraient ainsi une amélioration des issues de grossesse.
La Dr Laura Pina Vegas, du service de rhumatologie de l’hôpital universitaire Henri-Mondor (AP-HP) et co-autrice de cette publication, décrit : « Les issues défavorables semblent moins importantes aujourd’hui qu’il y a dix ans, par rapport à ce qui est rapporté dans la littérature, mais restent significativement plus élevées chez les femmes atteintes de PR. Nous nous attendions à une plus forte réduction. En étudiant notre population, nous avons même observé des résultats similaires, par périodes de trois ans entre 2010 et 2020 ». Chez les femmes ayant une PR, les auteurs de l’étude ont montré, après ajustement sur de potentiels facteurs de confusion, une augmentation du risque de 84 % de prématurité, de 43 % de grande prématurité, de 65 % de petit poids de naissance et de 30 % d’hospitalisation liée à la grossesse.
Une surveillance attentive des poussées de la maladie
Cette étude englobait les femmes prenant un traitement (majoritairement de la sulfasalazine, ou l’anti-TNF certolizumab), et celles qui avaient décidé de l’arrêter (la très grande majorité de la cohorte). Une plus faible activité de la maladie durant la grossesse et les risques d’interaction entre le médicament et le fœtus expliquent que de nombreuses femmes décident de ne pas continuer leur traitement pendant cette période. Or, près de 32 % des grossesses concernaient des femmes ayant un rhumatisme considéré comme actif. D’après l’étude, une polyarthrite active avant et pendant la grossesse semble être associée au risque d’issue défavorable de la grossesse.
Ces résultats illustrent l’importance de surveiller ces patientes durant toute la grossesse pour une prise en charge rapide en cas de poussée. « Et de proposer une consultation préconceptionnelle afin de privilégier une grossesse lors d’une période de rémission de la maladie », ajoute la Dr Laura Pina Vegas.
Un nombre de césariennes « étonnant »
Pour expliquer le lien entre la maladie et ces issues défavorables, certaines hypothèses ont été formulées, « mais aucune certitude », insiste la Dr Laura Pina Vegas. Dans l’étude, il est noté que : « Les médiateurs pro-inflammatoires, libérés chez les femmes atteintes d’une polyarthrite rhumatoïde active, stimulent les prostaglandines, favorisant ainsi les contractions utérines. »
Pour conclure, la Dr Laura Pina Vegas s’étonne toutefois d’un résultat : 26,9 % des femmes atteintes de PR auraient eu une césarienne, contre 20 % des femmes non atteintes. « Or, il semble difficile de pouvoir l’expliquer uniquement par les potentielles souffrances fœtales ou les limitations des amplitudes articulaires des hanches, principales causes qui feraient recommander une césarienne », souligne-t-elle.
La rhumatologue se penche désormais sur une nouvelle étude, pour comparer les issues de grossesse chez les femmes atteintes de PR selon les différents traitements qui leur sont proposés.
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