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Risques CV : nouvelles données en défaveur de l’aspirine en prévention primaire

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Publié le 27/04/2022
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Le rapport bénéfice-risque de l'aspirine en prévention primaire sur les risques cardiovasculaires (CV) a fait l'objet de nombreuses études et discussions. Sur la base d’une nouvelle revue systématique sur le sujet, l’US Preventive Task Force (USPSTF) se prononce contre cette utilisation du médicament.

Les prises de position en défaveur de la prescription d’aspirine en prévention primaire chez les patients à risque cardiovasculaire s’accumulent. Dernière en date : celle de l’US Preventive Task Force (USPSTF). Hier, ce groupe d’experts américains s’est prononcé contre cette utilisation de l’acide acétylsalicylique – ou l’a du moins grandement limité. En effet, l’instance considère que le traitement ne peut être envisagé qu’« au cas par cas » - et non systématiquement – chez les patients à risque de maladie cardiovasculaire âgés de 40 à 59 ans seulement. Une décision détaillée et expliquée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA).

Pour rappel, ces dernières années, l’intérêt de l'aspirine en prévention primaire sur les risques cardiovasculaires a été largement questionné. En particulier, en 2018, trois essais randomisés (Arrive, Ascend et Aspree) ont suggéré que le médicament n’était associé qu’à des bénéfices limités – avec notamment une absence de réduction de la mortalité totale –, pour un risque d’hémorragie grave accru. Si bien qu’en France, le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) avait banni, en septembre 2021, l’usage de l’antiagrégant plaquettaire dans cette indication.

Une revue systématique menée par l'USPSTF

Dans le même contexte, aux États-Unis, l’USPSTF a souhaité mettre à jour ses recommandations de 2016. Des guidelines qui préconisaient « d’initier de l’aspirine à faible dose (moins de 100 mg/j) dans la prévention primaire des maladies cardiovasculaires chez les adultes de 50 à 59 ans qui présentent un risque de 10 % ou plus de maladie cardiovasculaire, ne sont pas à risque accru d’hémorragie, ont une espérance de vie d’au moins 10 ans, et acceptent de (suivre le traitement au long cours) ». Dans les autres classes d’âge, le traitement pouvait être envisagé chez les 60-69 ans « au cas par cas », et n’était déjà pas recommandé chez les moins de 50 ans ou chez les plus de 70 ans.

Pour actualiser ces recommandations, l’USPSTF a conduit une revue systématique sur l’efficacité de l’aspirine pour réduire à la fois le risque d’évènements cardiovasculaires, la mortalité cardiovasculaire, et la mortalité toutes causes chez les sujets de plus de 40 ans sans signe ou antécédent de maladie cardiovasculaire et sans risque accru d’hémorragie. Les effets indésirables du médicament ont aussi été pris en compte.

Un bénéfice net faible voire absent

Résultat : « l’USPSTF conclut avec une certitude modérée que l’aspirine en prévention primaire (…) chez les adultes âgés de 40 à 59 ans qui présentent un risque de maladie cardiovasculaire de 10 % ou plus à 10 ans n’apporte qu’un bénéfice net faible ». Chez les plus de 60 ans, les preuves suggéreraient même une absence de bénéfice.

Au contraire, le traitement serait associé à des risques significatifs. « Une analyse groupée de 10 essais a montré que l'utilisation d'aspirine était associée à une augmentation de 58 % des saignements gastro-intestinaux majeurs. Une analyse groupée de 11 essais a montré une augmentation des saignements intracrâniens dans le groupe aspirine par rapport au groupe témoin », détaille l’USPSTF.


Source : lequotidiendumedecin.fr