Un candidat vaccin VIH testé en France induit une réponse immunitaire dans un essai de phase précoce

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Publié le 04/10/2024
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Dans un essai de phase 1, l’ANRS-MIE et l’Inserm démontrent l’innocuité d’un nouveau candidat vaccin contre le VIH, reposant sur une nouvelle technologie ciblant le marqueur CD40. Il a aussi entraîné une réponse immunitaire cellulaire et humorale précoce et durable chez les volontaires sains.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Alors que plus aucun candidat vaccin en prévention de l’infection VIH n’est en phase 3, tous les essais ayant été interrompus précocement faute d’efficacité, une nouvelle technologie vaccinale testée dans une étude de phase précoce menée en France et en Suisse semble encourageante.

Les résultats prometteurs d’un essai clinique de phase 1 d’escalade de dose, randomisé contre placebo pour un nouveau candidat vaccin ont été publiés le 2 octobre dans le Lancet eClinical Medicine. Le vaccin est bien toléré et induit une réponse immunitaire chez les volontaires sains. La technologie vaccinale utilisée, déjà testée en préclinique, utilise un anticorps monoclonal fusionné à l’enveloppe du VIH qui cible spécifiquement le marqueur CD40, exprimé à la surface des cellules dendritiques.

Cette technologie est le fruit des collaborations que l’Inserm et de l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales – Maladies infectieuses émergentes (ANRS-MIE) ont mis en place avec différents instituts pour le développement de vaccins.

Absence d’effets indésirables sévères

L’étude ANRS VRI06, menée en France et en Suisse auprès de 72 volontaires séronégatifs, a démontré l’innocuité du candidat vaccin CD40.HIVRI.Env adjuvanté et sa capacité à induire une réponse immunitaire humorale et cellulaire, rapide et durable contre le VIH, administré à différentes doses, seul ou avec un autre candidat vaccin, celui-ci à ADN. La coadministration s’est faite dans l’intention de vérifier s’il était possible d’obtenir une réponse immunitaire supérieure au vaccin seul.

Les volontaires ont reçu 0,3, 1 ou 3 mg du CD40.HIVRI.Env seul ou coadministré, avec deux rappels, à 4 et 24 semaines après la primo-injection. Sur les 48 semaines de suivi, la plupart des effets secondaires liés au vaccin étaient mineurs à modérés, associés à la réactogénicité locale (réaction au site d’injection) et systémique (fatigue, céphalées, myalgie pour les plus fréquents), et n’ont pas excédé sept jours. La réactogénicité n’a pas été influencée par un effet de dose, ni par la répétition des injections. La sévérité des effets indésirables est restée identique entre l’administration seule et combinée.

Le candidat vaccin induit une réponse immunitaire rapide et durable

L’immunogénicité cellulaire et l’immunogénicité tumorale ont toutes deux été évaluées, deux semaines après chaque rappel (semaines 6 et 26) et en semaine 48. Les anticorps évalués ont été corrélés à une protection contre le VIH dans un autre essai clinique (RV144).

Les chercheurs ont détecté des lymphocytes T CD4+ spécifiques de l’enveloppe du VIH, démontrant la capacité du vaccin à entraîner une réponse immunitaire cellulaire dès la semaine 6 chez tous les vaccinés sans différence entre les doses ni en coadministration. Ainsi, le vaccin adjuvanté seul présente déjà une forte immunogénicité. La réponse cellulaire a persisté de manière significative jusqu’à la fin du suivi (six mois après la dernière injection) pour tous les groupes sauf pour celui ayant reçu la dose la plus faible (0,3 mg) de CD40.HIVRI.Env associé au vaccin ADN.

L’immunogénicité humorale s’est elle aussi avérée bonne : les taux de réponse des IgG dirigés contre des glycoprotéines d’enveloppe gp140 et gp120 de différentes souches de VIH étaient de 89 à 100 % après trois injections et entre 56 et 100 % en semaine 48, quel que soit le groupe interventionnel. Des résultats similaires ont été observés pour des IgG dirigés contre la région V1/V2 de l’enveloppe du virus. Finalement, des anticorps neutralisants, empêchant l’entrée du VIH dans les cellules, ont été détectés, avec une relation dose-réponse.

La bonne tolérance du candidat vaccin CD40.HIVRI.Env adjuvanté et sa capacité à induire des réponses immunitaires cellulaires et humorales précoces et durables indépendamment de la dose font de la technologie utilisée, ciblant spécifiquement la molécule CD40, une perspective intéressante dans les stratégies de vaccination « prime-boost » (amorce-rappel).


Source : lequotidiendumedecin.fr