Pour les vaccins contre le mpox, l’utilisation de la voie intradermique (ID) est associée à une plus forte réaction au site d’injection que la voie sous-cutanée (SC). Cependant, ces vaccins restent globalement bien tolérés, même en ID. C’est ce que suggère une lettre de recherche publiée le 5 mai dans le Journal of the American Medical Association (JAMA).
Selon leur AMM, les vaccins antivarioliques de troisième génération Imvanex et Jynneos utilisés notamment en France contre le mpox depuis l’année dernière doivent être injectés par voie sous-cutanée selon un schéma à deux doses, à 4 semaines d’intervalle.
Cependant, en août dernier, diverses agences internationales – notamment la Food and Drug Administration (FDA), puis l’Agence européenne des médicaments (EMA) – ont ouvert la voie à une utilisation temporaire par voie ID. L’objectif : faciliter l’accès aux vaccins face à des stocks limités. Car « une plus faible dose de vaccin (de 0,1 ml au lieu de 0,5 ml ndlr) peut être utilisée » avançait alors l’EMA.
Une alternative soumise à précautions
Dans ce contexte, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et la Haute Autorité de santé (HAS) avaient elles aussi considéré la voie ID comme « une alternative possible ». Avec toutefois quelques précautions, la HAS ne préconisant pas cette voie dans certains publics (enfants, femmes enceintes, immunodéprimés, personnes avec antécédents de cicatrice chéloïde) et l’ANSM recommandant « de réduire les risques de mésusage au moment de l’injection (professionnels de santé expérimentés ou si nécessaire ayant bénéficié d’une formation) ». Surtout, les instances françaises réservent la voie ID à la seconde dose chez « les adultes ayant reçu une première dose sous-cutanée et n’ayant pas ou peu présenté de réaction au site d’injection ».
Car si des données clinques d’immunogénicité suggèrent la non-infériorité de la voie ID en termes d’efficacité, côté sécurité, une étude de phase II a conclu à une « réactogénicité locale plus importante et (une) persistance de réactions locales de type rougeur, induration, gonflement et démangeaisons », rapporte l’ANSM.
Une étude de vie réelle sur plus de 13 000 patients
D’où un besoin de « données supplémentaires », qui plus est en vie réelle, sur l’administration par voie intradermique des vaccins contre le mpox, estimait l’ANSM l’été dernier.
Dans ce contexte, une équipe australienne s’est penchée sur les effets indésirables recueillis par le système de surveillance des vaccins du pays – baptisé AusVaxSafety – à la recherche d’une différence de tolérance entre les deux voies d’administration. Au total, les données de plus de 13 000 patients ayant reçu le vaccin (dont 5 643 en SC et près de 7 400 en ID) et complété un questionnaire à j7 de leur vaccination, ont été analysées.
Résultats : « cette étude (…) a trouvé que les taux d’effets indésirables locaux étaient plus hauts après une administration intradermique », résument les auteurs du présent travail. En ID, 52 % des vaccinés ont rapporté des effets indésirables locaux après la première dose, et près de 35 % après la seconde dose. Alors qu’en SC, ces chiffres tombaient à 44 % et 28 % pour la première et la seconde dose, respectivement.
Ces effets indésirables locaux étaient surtout une rougeur locale, des démangeaisons et un œdème après injection intradermique, et des rougeurs et œdème, avec plutôt une douleur locale en SC. Les patients atteints de dermatite atopique étaient davantage touchés.
Peu d’effets systémiques
Quoi qu’il en soit, les auteurs tendent à rassurer sur la voie ID et sur la bonne tolérance globale des vaccins. La fréquence des effets indésirables systémiques était équivalente dans les deux groupes, et relativement basse (de 20 % environ après la première dose). En particulier, « les symptômes cardiorespiratoires étaient rares », soulignent les auteurs. Par ailleurs, l’étude mentionne un « faible pourcentage » de personnes rapportant avoir sollicité un médecin ou manqué des activités quotidiennes du fait de la vaccination.
À noter que les chiffres retrouvés dans ce travail apparaissent plus bas que prévu quelle que soit la voie d’administration. Car les précédentes études conduites sur ces vaccins avaient plutôt rapporté « plus de 30 % d’effets indésirables systémiques » avec chaque voie d’administration, et « des taux d’effets indésirables locaux de plus de 50 % après la voie sous cutanée, et de près de 100 % après la vaccination intradermique », rappellent les auteurs.
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