Alors que des records de contamination sont battus en France, une saturation du système hospitalier apparait encore évitable. C’est ce que suggère une modélisation de l’Institut Pasteur, dont les principales conclusions ont été présentées ce jeudi par l'épidémiologiste Arnaud Fontanet lors d’un point presse de l’ANRS Maladies émergentes. Et ce, dans un contexte marqué par une 5e vague manifestement bien différente des précédentes.
Un scénario basé sur de récentes données relatives à Omicron
En effet, comme l'a rappellé la chercheuse Vittoria Colizza lors du point presse, la vague actuelle est pour le moment marquée par un nombre d’hospitalisations plus faible qu’attendu : par rapport aux vagues précédentes, le rapport entre le nombre de cas de Covid-19 et le nombre d’hospitalisations apparaît singulièrement bas. Un phénomène qui semble d’abord dû à la progression de la vaccination, mais également à la diffusion d’Omicron, dont la transmissibilité nettement augmentée se confirme et la sévérité légèrement diminuée se dessine.
Dans cette situation inédite, dans laquelle on observe malgré tout une augmentation de la pression hospitalière, la question est de savoir si la vaccination, la sévérité abaissée du variant et les mesures de freinage permettront d’éviter ou non une saturation plus importante du système hospitalier.
Pour répondre, les épidémiologistes de l’Institut Pasteur ont formulé des prévisions basées notamment sur les plus récentes données concernant Omicron. Ils ont en particulier fait l’hypothèse d’une transmissibilité d’Omicron augmentée de près de 85 % par rapport à Delta (correspondant à un temps de doublement de 2,4 jours) et d’un risque d’hospitalisation pour Covid-19 au contraire abaissé de 77 % par rapport à ce précédent variant.
Les services d'hospitalisation conventionnelle plus embolisés que la réanimation
Résultat : un pic des infections devrait être atteint courant janvier, avec un nombre d’infections quotidiennes qui atteindrait la barre des 500 000 à l’échelle nationale. Un résultat qui apparaît plausible au regard des 350 000 contaminations quotidiennes actuelles, selon Arnaud Fontanet. Seule nuance : les variations régionales observées à l’heure actuelle, qui pourraient conduire certaines régions comme l’Île de France à connaître un pic avant d'autres territoires.
En outre, à l’hôpital, des niveaux de pression similaires à ceux enregistrés en 2020 pourraient être atteints. Une tension qui, face à la moindre sévérité d'Omicron, devrait toutefois moins affecter les services de réanimation qu’auparavant, et se reporter sur les services de médecine. L’hospitalisation conventionnelle devrait connaître une situation « extrêmement difficile, notamment dans le sud de la France », déjà plus embolisée que le reste du pays, prévient Arnaud Fontanet.
Aussi l’épidémiologiste met-il en garde contre une diminution de la vigilance à l’égard d’Omicron. « On entend beaucoup dire [qu’Omicron] est un variant qui est peu dangereux, [qui] va améliorer l’immunité collective, mais attention aux répercussions dans la vie quotidienne, la désorganisation que ça peut entraîner et les admissions à l’hôpital par la suite. »
Une réduction de 20 % des contacts pour éviter 50 % des hospitalisations
Toutefois, cette prévision pessimiste ne constitue pas une fatalité. En effet, une réduction des temps d’hospitalisation moyens – de 6 jours à 4 jours, par exemple – pourrait permettre de réduire légèrement la pression hospitalière. « Cela nécessite le développement de structures en soins primaires ou des hospitalisations à domicile pour l’accueil des patients en amont ou aval des hospitalisations, notamment pour assurer l'oxygénothérapie à domicile », soutiennent les auteurs de la modélisation.
Mais c’est surtout la réduction des contacts au sein de la population qui permettrait de réduire la charge hospitalière. En effet, une diminution de 20 % de ces contacts permettrait de réduire de moitié le nombre d’hospitalisations. Un objectif qui pourrait être atteint par un usage plus important du télétravail, voire par une simple « autorégulation des individus », rassure le Pr Fontanet, qui qualifie toutefois la période actuelle d’ « assez critique » pour l’adoption de ce genre de comportements et faire basculer à temps le scénario épidémique.
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