Recherche

VIH, des résultats préliminaires encourageants pour un nouveau candidat vaccin

Par
Publié le 22/02/2023
Article réservé aux abonnés
Les données intermédiaires d'un essai de phase I suggèrent qu'une approche vaccinale ciblant les cellules dendritiques pourrait être intéressante.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Si les outils de prévention vis-à-vis du VIH se sont multipliés ces dernières années, les recherches sur un éventuel vaccin peinent à aboutir. Des résultats préliminaires d’un essai de phase I, présentés lors de la conférence internationale sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI, Seattle, 19-22 février), relancent l’espoir. 

Conduit par l’Inserm-ANRS et le Vaccine Research Institute (VRI) ce travail vise à tester auprès de 72 volontaires sains, l’efficacité et la tolérance d’un candidat vaccin basé sur une nouvelle manière d’administrer la protéine d’enveloppe du VIH pour stimuler l’immunité, en la ciblant directement sur les cellules dendritiques, lesquelles jouent un rôle clé dans l’éducation et l’activation du système immunitaire

Des données d'immunogénéicité et de tolérance encourageantes 

Des résultats préliminaires portant sur 36 patients suggèrent que cette approche pourrait être payante. Selon un communiqué de l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes (MIE), l’administration de ce vaccin (aux doses de 0,3 mg, 1 mg et 3 mg selon les groupes) a en effet permis d’obtenir des taux élevés d’anticorps dirigés contre les protéines d’enveloppe du VIH dans  80 % à 100 % des cas à la semaine 6 et dans 100 % des cas à la semaine 26. Ces taux sont restés stables, ou en légère baisse, jusqu’à la semaine 48. De plus, des anticorps neutralisants ont été détectés chez 50 % des personnes vaccinées du groupe 0,3 mg et chez 100 % des sujets des deux autres groupes à la semaine 26. Les chercheurs ont également observé la production de lymphocytes T CD4 spécifiquement dirigés contre la protéine d’enveloppe du VIH après la vaccination et jusqu’à la semaine 48. 

Côté tolérance « si des réactions locales au point d’injection et générales ont été fréquentes, ces effets indésirables étaient principalement légers ou modérés. Deux effets secondaires sévères ont été rapportés et, après analyse, se sont révélés sans lien avec la vaccination », précise le communiqué.

Une efficacité clinique qui reste à démontrer

Pour le Pr Yves Lévy, directeur du VRI, « ces premiers résultats de phase I sont prometteurs : le vaccin a montré à la fois sa sécurité et sa capacité à induire des réponses précoces, puissantes et durables », alors que « les différents anticorps produits et l’activation de lymphocytes T CD4+ polyfonctionnels ont été associés à un risque réduit d'infection par le VIH dans un précédent essai vaccinal », poursuit le spécialiste. 

Toutefois, « il est important de noter que l’efficacité du vaccin reste encore à démontrer », insiste l’ANRS | MIE,  et les volontaires doivent continuer à se protéger. 

Baptisé « CD40.HIVRI.Env », le candidat vaccin testé dans cet essai a été développé par le VRI. Il repose sur l’administration d’anticorps monoclonaux qui ciblent spécifiquement un récepteur présent à la surface des cellules dendritiques. Une protéine d’enveloppe du VIH est fixée sur ces anticorps afin que le système immunitaire apprenne à reconnaître et neutraliser le virus. Le vaccin est associé à un adjuvant, l’Hiltonol, pour renforcer son action potentielle.

À terme, il sera aussi testé en association avec un autre vaccin actuellement en développement en phase II/III, le vaccin à ADN « DNA-HIV-PT123 », qui pourrait amplifier la réponse immunitaire.


Source : lequotidiendumedecin.fr