Bilan 2023

Xénotransplantation : des Français décryptent la réponse immunitaire

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Publié le 15/12/2023
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Une équipe française a eu accès aux biopsies des premières xénogreffes de reins de porcs. Leur analyse multimodale de la réponse immunitaire apporte des éléments pour réduire le risque de rejet.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Après les premières greffes de reins de porcs génétiquement modifiés chez des receveurs humains en état de mort encéphalique aux États-Unis, l'équipe université Paris-Cité/Inserm/AP-HP dirigée par le Pr Alexandre Loupy, néphrologue à l'hôpital Necker et expert mondial du rejet, a accédé aux biopsies de ces xénogreffes (réalisées 54 heures après la greffe) et a mené une analyse multimodale de la réponse immunitaire. Ces travaux ont été publiés en août dans The Lancet (1).

Des observations déjà traduites en pratique

Des technologies de pointe ont été utilisées, comme la microscopie moléculaire, la bio-ingénierie ou la transcriptomique. Les biotechnologies ont permis d'identifier et de localiser précisément les cellules immunitaires dans les xénotransplants. Les chercheurs ont ainsi mis en évidence une forme très particulière de rejet aigu, dite médiée par les anticorps, avec des signes précoces quasi invisibles avec la microscopie standard. « Les signes observés sont d'ordre moléculaire », précise le Dr Valentin Goutaudier, néphrologue transplanteur et chercheur au Paris Transplant Group, soulignant que les caractéristiques moléculaires sont celles d'une réponse immune intra-espèce et inter-espèce.

Ces cellules étaient principalement localisées dans les glomérules porcins, « alors qu'elles sont classiquement réparties dans toute la circulation des greffons en transplantation humaine », indique la Dr Alessia Giarraputo, chercheuse et co-première autrice de l’étude. Ces observations se traduisent déjà en pratique, avec une modification du modèle porcin et une adaptation de l’immunosuppression, avec l'ajout d'un traitement d'induction et des échanges plasmatiques avant ou juste après la greffe. « Jusque-là, ce dernier reposait sur les corticoïdes et un antimétabolite, le mycophénolate mofétil », indique le Dr Goutaudier.

(1) A. Loupy et al., The Lancet, août 2023. doi.org/10.1016/S0140-6736(23)01349-1

Elsa Bellanger

Source : Le Quotidien du médecin