Résistance aux antibiotiques : l'UE fait le point pays par pays et  prépare un plan pour l'été

Publié le 26/02/2017
.

.
Crédit photo : Burger/Phanie

Le commissaire européen à la Santé Vytenis Andriukaitis a annoncé pour l'été un nouveau plan d'action sur la résistance aux anti-microbiens. La résistance aux antibiotiques présentes chez l'homme, l'animal et dans les aliments reste élevée dans l'UE, avertit en effet l'Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA) dans un rapport publié mercredi. "La RAM (résistance aux antimicrobiens) constitue une menace sérieuse pour la santé publique et pour la santé animale", explique l'agence, rappelant que les bactéries résistantes entraînent environ 25 000 décès chaque année dans l'Union.

La résistance des bactéries de Salmonella à plusieurs antimicrobiens est particulièrement élevée, selon l'EFSA, même si elle demeure faible pour les médicaments utilisés pour soigner les cas humains d'infection graves. "Une utilisation prudente des antibiotiques en médecine humaine et vétérinaire est cruciale pour relever le défi posé par la résistance aux antimicrobiens", souligne Mike Catchpole, scientifique en chef au Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), coproducteur du rapport.

Le rapport confirme aussi qu'une résistance aux carbapénèmes a été détectée "pour la première fois dans l'UE dans le cadre des programmes annuels de surveillance chez les animaux et dans les aliments". Des bactéries E. coli productrices de Beta-Lactamase à Spectre Etendu (BLSE) ont par ailleurs été détectées dans de la viande de bœuf et de porc, ainsi que chez des cochons et des veaux. Ces bactéries font preuve d'une multirésistance aux antibiotiques ß-lactamines, dérivés de la pénicilline et céphalosporines. Une résistance à la colistine a aussi été observée à de très faibles niveaux dans des bactéries de Salmonella et d’E. coli chez des porcs et des bovins.

Sur tous ces points, le rapport publie pour la première fois cette année un outil de visualisation, qui affiche des données pays par pays et par classe d'antibiotiques, sur les niveaux de résistance de certaines bactéries présentes dans les aliments, chez l'animal et chez l'homme. Ce dispositif permet notamment de comparer la situation française par rapport à l'ensemble de l'UE, aux pays voisins ou aux plus lointains membres de l'UE…

Selon le document, les pays d'Europe du nord et de l'ouest ont néanmoins généralement des niveaux de résistance inférieurs au reste de l'UE. Pour Marta Hugas, chef de l'unité sur les contaminants et les dangers biologiques à l'EFSA, cette observation est "très probablement" liée à l'utilisation des antimicrobiens. "Dans les pays où des mesures ont été prises pour réduire, remplacer et repenser l'utilisation d'antimicrobiens chez les animaux, on observe des niveaux inférieurs de résistance", explique-t-elle.

La question des résistances est prise de plus en plus au sérieux par les autorités européennes. En septembre, une étude britannique affirmait que les bactéries résistantes pourraient "tuer jusqu'à 10 millions de personnes par an d'ici 2050, soit autant que le cancer".


Source : lequotidiendumedecin.fr