Si « Le Généraliste » était paru en 1914

Sans prostate, est-on moins intelligent ?

Par
Publié le 01/09/2017
histoire

histoire

Singulier titre, vous exclamez-vous ! attendez qu’on vous l’explique.

Dans un très attachant travail, le professeur Legueu s’est posé la question : qu’advient-il des facultés intellectuelles chez un individu qu’on a opéré d’une hypertrophie prostatique ? On a prétendu que des vieillards auraient vu, à la suite d’une prostatectomie, leur intelligence déchoir. Qu’y a-t-il de vrai dans cette assertion ?

Des troubles mentaux ont été observés, l’éminent maître de Necker ne fait aucune difficulté d’en convenir ; mais, pour lui, il n’y a eu qu’une coïncidence : on avait opéré, dans ces cas, des sujets déjà mentalement affaiblis.

La prostatectomie aurait, au contraire, une influence heureuse « qui se marque par la récupération d’une lucidité perdue depuis plus ou moins longtemps. La rétention vésicale est la source d’une intoxication de l’organisme qui suffit à abrutir (le mot n’a rien d’excessif) le malheureux rétentionniste ». Drainez la vessie de ces malades par le cathétérisme, la cystotomie ou la prostatectomie et vous assisterez, d’après le professeur Legueu « à de véritables résurrections intellectuelles ». Cela tient à ce que, grâce à la méthode hypogastrique, on enlève l’adénome sans toucher aux canaux éjaculateurs ; et, surtout, qu’on laisse la prostate à demeure.

Or donc, si vous rencontrez parfois un prostatique prostatectomisé qui, fier de son état, vous dira : « La prostate ne sert à rien », apprenez-lui qu’il est toujours possesseur de sa prostate et que c’est peut-être grâce à elle qu’il conserve son activité, son intelligence et… tout le reste. 

(Chronique médicale, juillet 1914)


Source : lequotidiendumedecin.fr