« Le changement climatique a des effets dévastateurs sur la santé », écrit The Lancet dans son rapport 2021 sur cette urgence mondiale. Fruit d’une collaboration internationale entre 43 institutions universitaires et agences des Nations Unies, les conclusions sont accablantes. Les 44 indicateurs retenus illustrent tous la dégradation des résultats et « l’augmentation interrompue de l’impact du changement climatique sur la santé ». Avec pour conséquence, « le changement climatique menace d’annuler des années de progrès en matière de santé publique et de développement durable ».
La chaleur tue
Si l’on prend l’exemple de l’indicateur mortalité liée à la chaleur, les décès liés à ce facteur chez les personnes de plus de 65 ans ont atteint un record d’environ 345 000 décès en 2019. Une progression a été observée entre 2018 et 2019 dans toutes les régions du globe, notamment en Inde et au Brésil à l’exception toutefois de l’Europe.
Cette influence du climat ne se traduit pas seulement sur le nombre d’incendies ou d’exposition à la sécheresse. Il a une influence directe sur la transmission des maladies infectieuses. Le nombre d’infections par le virus de la dengue a ainsi doublé chaque décennie depuis 1990. La bactérie Vibrio non cholériques à l’origine de gastro-entérites, mais aussi de graves infections des plaies, voire des septicémies en est une autre illustration. Elle est retrouvée en priorité dans les zones côtières. Résultat, son incidence a augmenté de 35 % dans les pays baltes, de 25 % dans le Nord-Est de l’Atlantique et de 4 % dans le Nord-Ouest pacifique.
Productions céréalières en baisse
Le changement climatique exerce sans surprise un impact sur l’alimentation. Par rapport à la période 1981-2010, le potentiel de rendement de la culture de maïs au cours des dernières années s’est contracté de 6 %. Il a baissé de 3 % pour le blé d’hiver, 5,4 % pour le soja, 1,8 % pour le riz. Outre la terre, la mer est évidemment concernée. En 2018-2020, la température de l’eau a augmenté dans 70 % des pays. La mer n’est pas seulement une ressource alimentaire. Elle représente également un danger. À ce jour 569, 6 millions de personnes vivent à moins de 5 mètres au-dessus du niveau de la mer.
En réponse à ce constat, que font les États ? Selon la revue britannique, 47 (52 %) des 91 pays ont mis en place des stratégies, des plans nationaux en matière de santé et de changement climatique.
Les villes, les grandes métropoles en revanche se sont davantage engagées. En 2020, 546 (81 %) des 670 villes auraient achevé ou seraient en train de procéder à des évaluations des risques liés au changement climatique. La chaleur est identifiée comme le principal problème.
Climatisation ?
Mais pour réduire les températures, il n’y a pas encore de recettes miracles. Le rapport prend l’exemple de la climatisation. En 2019, elle aurait évité 195 000 décès liés à la chaleur chez les personnes âges de 65 ans et plus. Dans le même temps, elle participe au réchauffement climatique.
En attendant la solution, la manne distribuée pour le changement climatique ne profite guère aux systèmes de santé. Ils ont reçu pour s’adapter 0,3 % des financements distribués. On peut mieux faire !
D’autant que les objectifs de l’Accord de Paris relèvent encore du mirage. De 2014 à 2018, malgré une forte croissance des énergies renouvelables dans les pays riches, l’impact carbone du système énergétique a connu une baisse annuelle moyenne de 0,6 % seulement. « À ce rythme, estiment les experts, il faudrait plus de 150 ans pour décarboner totalement le système énergétique. »
Quant au système de santé, il ne peut prétendre à donner des leçons aux autres. En 2018, les émissions du secteur ont légèrement augmenté pour atteindre 4,9 % des émissions mondiales des gaz à effet de serre. Réussira-t-il demain à s’ériger en modèle pour les autres secteurs ?
*The 2021 report oh the Lancet Countdown on health and climate change : code red for e healthy future.
Sérologie sans ordonnance, autotest : des outils efficaces pour améliorer le dépistage du VIH
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP