Covid-19 : la vaccination prise de vitesse par la diffusion du variant anglais

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Publié le 26/03/2021
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Évolution du taux d’incidence des cas de COVID-19 selon les classes d’âge, depuis la semaine 23-2020, France (données au 24 mars 2021)

Évolution du taux d’incidence des cas de COVID-19 selon les classes d’âge, depuis la semaine 23-2020, France (données au 24 mars 2021)

Une semaine après l’annonce d’un confinement partiel et malgré la récente accélération de la campagne de vaccination, la situation épidémiologique continue de se détériorer en France. À tel point que dans cinq départements d’Île-de-France – qui compte, avec les Hauts-de-France et la Provence-Alpes-Côte-d’Azur (PACA), parmi les régions les plus touchées du territoire – les indicateurs atteignent, voire dépassent les niveaux enregistrés cet automne lors de la seconde vague. Telles sont les observations réalisées par Santé publique France dans son dernier point de situation.

En semaine 11, soit du 15 au 21 mars, une dégradation de « l’ensemble des indicateurs » de surveillance – déjà à un niveau élevé la semaine dernière – a en effet été relevée. Avec notamment, à l’échelle nationale, une augmentation de 17 % du nombre de nouveaux cas de covid-19 (soit une moyenne de 30 000 nouveaux cas par jour, contre moins de 25 000 en semaine 10), une hausse du taux d’incidence de l’infection (désormais de 313/10 000 habitants) et une élévation du taux de positivité au SARS-CoV-2. Les indicateurs de la saturation du système hospitalier dénotent également la « très forte tension » qui pèse sur l’hôpital, avec une augmentation de 7 à 11 % des taux d’hospitalisation, d’admission en réanimation et du nombre de personnes en cours d’hospitalisation en services de soins critiques (plus de 4 650 patients en réanimation, soit environ 400 de plus que la semaine précédente).

Une « course de vitesse » avec le variant anglais

Très certainement en cause : la progression des variants d’intérêt – détectés dans toutes les régions métropolitaines – et en particulier du variant VOC 1 ou 20I/501Y.V1, dit britannique. En semaine 11, alors que la proportion d’infections par des clones sud-africain (20H/501Y) et brésilien (20J/501Y.V3) apparaissait minoritaire et stable (4.7 %, contre 5,0 % la semaine précédente), le variant anglais se trouvait en effet à l’origine de plus de 76 % des contaminations (contre 72 % environ en semaine 10). Il représentait par ailleurs plus 50 % des infections déclarées dans 94 départements, voire plus de 70 % des contaminations dans 67 % d’entre eux.

Même si au 23 mars, plus de 6.5 millions de Français à risque dont une majorité de sujets âgés avaient reçu au moins une dose de vaccin anti-covid-19, « l’effet de la vaccination n’a pas suffi à contrer l’effet de la diffusion des variants », analyse l’épidémiologiste Daniel Levy-Bruhl (SPF). Et même chez les personnes âgées, « la course de vitesse n’est pas encore gagnée du moins pas cette semaine ». De fait alors qu’une diminution de l’incidence du covid-19 avait été enregistrée chez les 75 ans et plus depuis la semaine 04, la recrudescence épidémique actuelle touche toutes les classes d’âge.

Recul de l’application systématique des gestes barrière

Autre point d’inquiétude : même si elles restent largement mises en œuvre, les mesures de distanciation sociale semblent adoptées de moins en moins systématiquement par la population. D’après l’enquête CoviPreV, conduite entre le 15 et le 17 mars, les rassemblements festifs et les regroupements en réunion face à face auraient en effet tendance à se multiplier, résume l’épidémiologiste Christine Campese. Hypothèse avancée par Santé publique France : une probable lassitude des Français à l’égard des mesures barrière.

À noter toutefois un fait rassurant : la diffusion du mutant breton (20C/H655Y) semble circonscrite aux Côtes-d’Armor, où il a été découvert il y a une dizaine de jours, avec à ce stade, seuls 13 cas confirmés selon l’ARS Bretagne. Un chiffre à considérer cependant avec recul, ce nouveau variant étant suspecté d’échapper aux capacités de détection des tests de RT-PCR classiques. À l’heure actuelle, aucune donnée ne permet par ailleurs de conclure à une contagiosité ou une sévérité accrue de cette souche, ni à une éventuelle capacité de celui-ci à contourner l’immunité.


Source : lequotidiendumedecin.fr